Si la paléovirologie connait de nos jours une avancée sans précédent, c’est en partie grâce à la fonte du pergélisol. Cette couche gelée du sol renferme effectivement des restes animaux, végétaux et humains vieux de milliers, voire de millions d’années. Conscient des enjeux de ce domaine, les autorités russes, au travers du Centre national de recherche Vektor, viennent de dévoiler un nouveau projet qui vise à analyser des spécimens animaux provenant du pergélisol de Russie, mais aussi d’autres pays.
Situés en Sibérie, dans la région de Novossibirsk, les locaux du laboratoire Vektor étaient autrefois (à l’époque soviétique) un centre de développement d’armes biologiques. Il s’agit actuellement de l’une des rares installations qui possèdent encore des échantillons du virus de la variole. Le centre a même créé un vaccin contre la Covid-19, lequel est en attente de validation par les autorités sanitaires russes.
Une analyse des tissus mous
Au travers de sa nouvelle mission, le centre Vektor, en partenariat avec le Mammoth Museum à Iakoutsk, en Sibérie Centrale, aura comme tâche de rechercher des virus préhistoriques. Le but est non seulement de déterminer l’évolution de ces derniers, mais aussi de poser les bases du programme de paléovirologie du Kremlin. Pour ce faire, l’équipe effectuera des prélèvements sur des cadavres d’animaux préhistoriques.
Les échantillons (tissus mous ou provenant de carcasses) sont ensuite placés dans un tube essai avant de faire l’objet d’une étude suivant les méthodes de biologie moléculaire classique. Cette étape consiste notamment à isoler les acides nucléiques et effectuer le séquençage du génome.
Un cheval vieux de plus de 4000 ans
D’après Olesya Okhlopkova, chercheuse auprès du Vektor Science Center, cette technique permet d’obtenir des données sur la composition des acides nucléiques et de comprendre comment celle-ci a évolué au fil du temps. À noter qu’une première étude a déjà été réalisée. De nombreuses photos sont disponibles sur cette page.
Elle consistait à analyser les tissus mous du cheval Verkhoyansk dont les restes ont été retrouvés en 2009 et préservés au Mammoth Museum. Âgé de 4450 ans, le cadavre de l’animal a permis de déterminer l’origine du cheval Yakut moderne. En effet, les chercheurs ont réussi à déchiffrer complètement le génome nucléaire. Bien entendu, ils n’en resteront pas là.
Beaucoup d’animaux à étudier
D’autres animaux ayant vécu au temps des mammouths seront alors étudiés. Parmi eux figurent l’élan d’Omoloy, le mammouth Malolyakhovsky, les chiens Tumat, des rongeurs, des lièvres et bien d’autres encore. « Seules des études bactériologiques ont été faites sur ces espèces, nous menons des recherches sur les paléovirus pour la première fois », a confié Maxim Cheprasov, chef du laboratoire du Mammoth Museum, à NEFU.