Comprendre les aspects du développement humain précoce est crucial. En plus d’être utile pour améliorer les technologies de procréation, cette approche pourrait à terme aider à prévenir les fausses couches et les anomalies congénitales.
Au cours des premiers jours de développement, les embryons humains forment une structure baptisée blastocyste. Celle-ci est dotée d’une couche cellulaire externe appelée trophectoderme. Le trophectoderme en question entoure une cavité contenant un amas de cellules appelé masse cellulaire interne (ICM). Il est également à l’origine de la formation de la majeure partie du placenta.
Une approche prometteuse
Force est de reconnaître que notre connaissance du développement précoce des mammifères se limite depuis de nombreuses années à l’observation et à la manipulation d’embryons humains et d’animaux — de la souris entre autres. Cependant, le délai relativement court disponible pour l’analyse rend les choses difficiles.
À cela s’ajoutent des contraintes d’ordre éthique et juridique. Le recours à des techniques utilisant des cellules cultivées in vitro pour créer des modèles d’embryons constitue donc une approche intéressante. Deux études publiées dans la revue Nature dévoilent justement des progrès importants dans ce domaine.
Des structures comparables aux blastocystes naturels
Les deux équipes à l’origine de ces travaux scientifiques se sont effectivement focalisées sur la recherche de la synergie entre les cellules souches et la biologie du développement afin de générer des blastoïdes humains. Il s’agit de structures plus ou moins semblables aux blastocystes naturels, lesquels apparaissent au début du développement pour donner naissance à l’embryon, au placenta et à un tissu de soutien appelé sac vitellin. Pour ce faire, les chercheurs se sont servis de cellules représentatives de lignées dans le blastocyste humain. Ils ont aussi amélioré les protocoles de culture.
Un défi de taille
Les cellules cutanées ont notamment été placées dans des boîtes de culture 3D appelées plaques Aggrewell. Dans les deux études, environ 20 % des agrégats cellulaires ont formé des blastoïdes après 6 à 8 jours. Cela constitue certes une avancée majeure dans nos efforts visant à comprendre les premiers stades du développement humain, mais ce type de recherche reste un défi dans la mesure où il n’existe actuellement aucun système de culture optimal pour imiter la péri-implantation humaine.
D’autre part, des règles éthiques strictes empêchent la culture d’embryons humains au-delà de 14 jours, le moment à partir duquel les structures associées à la gastrulation commencent à apparaître. Espérons en tout cas que ces recherches portant sur les blastoïdes humains permettront un jour d’ouvrir une voie vers l’ingénierie des embryons. L’enjeu est considérable vu que cela pourrait non seulement aider à résoudre certaines questions biologiques fondamentales, mais aussi contribuer à la modélisation des troubles apparaissant au début de la grossesse.