Le mois dernier, dans le cadre d’une conférence organisée par les Nations-Unies, l’Agence spatiale américaine ainsi que d’autres agences spatiales du monde entier ont été confrontées à un scénario pour le moins troublant. Un astéroïde, baptisé 2021PC et mesurant entre 35 et 500 mètres, se dirigeait vers la Terre.
Au moment de sa découverte, l’astre se trouvait à une distance de 35 millions de kilomètres et d’après les calculs, il ne restait plus que six mois avant la collision. Certes, il s’agissait d’une simulation, mais l’enjeu était énorme. L’initiative, qui émanait de la NASA, avait pour objectif d’aider les experts américains et internationaux à s’exercer à réagir face à une telle situation.
Un échec cuisant
Malheureusement, malgré toutes nos tentatives, l’astéroïde fictif a frappé la Terre, ravageant le continent européen et l’Afrique du Nord. Cet échec était en grande partie dû au fait que les experts ne disposaient que de quelques mois pour réagir. Avec les technologies actuelles, un délai de six mois serait largement insuffisant pour déployer un engin spatial capable de détruire un astéroïde ou modifier sa trajectoire. Paul Chodas, directeur du Centre d’études des objets géocroiseurs de la NASA, a récemment partagé son avis sur le résultat de la simulation dans les colonnes de Business Insider.
Au moins cinq ans
D’après Chodas, si la Terre se trouvait dans la trajectoire d’un astéroïde, les agences spatiales auraient besoin de se rendre compte de la situation plusieurs années à l’avance. Ce haut responsable de la NASA estime qu’il faudrait au moins cinq ans, alors que d’autres scientifiques, comme l’astronome Richard Binzel du MIT, suggèrent un délai beaucoup plus long, soit d’au moins dix ans.
Malheureusement, les astronomes n’ont jusqu’ici recensé qu’environ 40 % des astéroïdes potentiellement dangereux, réduisant la probabilité de détection de plusieurs années plus tôt. « (…) Pour l’instant, nous comptons sur la chance pour nous protéger des impacts majeurs d’astéroïdes », a expliqué Binzel, déplorant le fait que la NASA n’a pas encore atteint l’objectif que le Congrès américain lui avait imposé en 2005 concernant le recensement d’au moins 90 % des objets géocroiseurs ayant une taille supérieure ou égale à 140 mètres.
Trois options en cas de danger
« C’était un pas important vers la protection de la planète contre les impacts potentiels d’astéroïdes, mais il avait un défaut majeur : le Congrès a négligé de spécifier le financement de la nouvelle mission », a souligné le site Planetary.org dans un de ses articles pour caractériser cette initiative du Congrès américain.
Rappelons que pour empêcher une roche spatiale potentiellement dévastatrice d’atteindre la Terre, l’Agence spatiale américaine étudie trois options. La première consiste à faire exploser une charge nucléaire près de l’astéroïde pour le détruire. La seconde consiste à tirer des lasers suffisamment puissants pour chauffer et vaporiser l’objet, ce qui aurait pour effet de modifier sa trajectoire. Enfin, la troisième repose sur un concept visant à déployer un engin spatial pour percuter l’objet à très grande vitesse afin de le dévier.
Mais comme l’a expliqué Chodas, chacune de ces trois stratégies nécessiterait plusieurs années. « En général, il s’agit d’un processus long et pluriannuel pour passer de la proposition à la mise en place d’un engin spatial sur un lanceur, sans parler du fait qu’il faut encore voyager pour arriver à destination et dévier l’astéroïde », a-t-il déclaré.
https://www.youtube.com/watch?v=wxCLtzm0Lb8