Face à l’effondrement d’Arecibo survenu en décembre dernier, la NASA ne reste pas les bras croisés. Bien au contraire, l’agence travaille actuellement sur un projet particulièrement ambitieux dans le cadre de son programme NIAC (Nasa Institute for Advanced Concepts).
Celui-ci concerne la mise en place d’un puissant radiotélescope dans un cratère qui se trouve sur la face cachée de la Lune. Trois fois plus grand qu’Arecibo, le Lunar Crater Radio Telescope, s’il était réalisé, serait l’un des plus grands radiotélescopes existant avec son diamètre dépassant les 1000 mètres…
Une branche moderne de l’astronomie
Face à l’ampleur de ce projet, la plupart d’entre nous se demandent certainement pourquoi les ingénieurs ont choisi la Lune compte tenu des difficultés que cela impliquera en termes de construction et de maintenance. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de faire un petit retour en arrière. En fait, la radioastronomie est une branche assez récente de l’astronomie.
En 1932, alors qu’il était à la tête d’un projet visant à trouver des sources naturelles d’interférences susceptibles de perturber les systèmes de communication de l’époque, Karl Jansky, ingénieur des Laboratoires Bell, a accidentellement détecté des signaux radio émis par les étoiles.
Une infrastructure radio pour étudier le passé de l’Univers
Depuis cette découverte, la radioastronomie a connu des avancées majeures. D’ailleurs, on utilise aujourd’hui l’unité « Jansky » pour mesurer l’intensité des signaux radio de l’espace. Pendant plusieurs centaines de millions d’années après le Big Bang, l’Univers s’est refroidi petit à petit. Les atomes ont alors commencé à se former, tandis que la gravité a commencé à affecter les amas d’étoiles et d’hydrogène, donnant naissance aux premières étoiles. En cosmologie, cette période est appelée les Ages Sombres (Dark Ages) de l’Univers. Le Lunar Crater Radio Telescope devrait justement permettre aux scientifiques d’étudier en détail ce passé très lointain.
« Avec un radiotélescope suffisamment grand au-delà de la Terre, nous pourrions suivre les processus qui ont conduit à la formation des premières étoiles, et peut-être même trouver des indices sur la nature de la matière noire », a déclaré dans un communiqué de presse Joseph Lazio, radioastronome de la NASA travaillant sur le projet LCRT, rapporte Business Insider.
Capter des longueurs d’onde supérieure à 10 mètres
Une fois opérationnel, le LCRT donnerait aux chercheurs la possibilité d’étudier l’ère primitive de l’Univers à des longueurs d’onde supérieure à 10 mètres. De nos jours, les astronomes scrutent en général le cosmos sur des longueurs d’onde d’un centimètre ou moins. Mais au fur et à mesure que celui-ci se développe, la longueur d’onde des signaux électromagnétiques s’allonge. D’où l’utilité de recourir à une infrastructure radio adaptée et efficace telle que le Lunar Crater Radio Telescope.
Le choix de la face cachée de la Lune n’est pas anodin. En plus d’abriter un cratère idéal pour la construction du radiotélescope, cette partie invisible (depuis la Terre) de notre satellite artificiel est suffisamment épargnée par les signaux terrestres qui pourraient interférer avec les ondes radio captées. Par ailleurs, la Lune étant dépourvue d’atmosphère, les signaux provenant de l’espace atteindraient le collecteur d’un kilomètre de diamètre sans encombre. À noter que pour la construction du LCRT, la NASA prévoit d’utiliser des robots au lieu d’envoyer des humains sur place.
C’est un projet titanesque vraiment prometteur. Espérons qu’il puisse être réalisé le plus rapidement possible afin que l’on puisse en apprendre davantage sur les origines de l’Univers.