La recherche dans le domaine de la génétique a fait des progrès sans précédent ces dernières années. En Chine, le scientifique He Jiankui a même réussi à modifier les gènes de bébés pour les immuniser contre certaines maladies, dont le sida.
S’il s’agit d’une avancée remarquable, ce travail a également suscité l’indignation de la communauté scientifique mondiale. Non seulement c’est contraire à l’éthique et aux règles de la pratique médicale, mais il s’avère que les personnes qui ont été génétiquement modifiées de cette manière ont 21 % plus de chances de mourir avant d’avoir atteint l’espérance de vie moyenne.
De nouvelles recommandations et directives éthiques pour les scientifiques
Face à ce genre de dérive, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne peut rester les bras croisés. Comme le rapporte Futurism, l’organisme international qui supervise la pratique de la médecine vient de publier deux nouveaux rapports sur la question de la modification génétique humaine. Ces documents contiennent des recommandations et des directives éthiques à l’intention de la communauté internationale des chercheurs.
« Nous voulons que les gens regardent ce qui se passe maintenant et ce que nous devons faire pour améliorer la façon dont la recherche se déroulera », a confié au Wall Street Journal Françoise Baylis, éthicienne de la modification génétique et membre du comité de l’Université Dalhousie.
Seulement les modifications génétiques destinées à combattre les maladies
Concrètement, les nouvelles directives de l’OMS incriminent toute manipulation génétique qui vise à augmenter les performances humaines en dehors de la nécessité médicale. Selon les rapports, il est préférable de se focaliser sur les modifications destinées à traiter ou à inverser les maladies. Les experts de l’Organisation mondiale de la santé ciblent particulièrement les modifications de la lignée germinale ou toute altération génétique qu’un patient pourrait transmettre à ses descendants.
Par ailleurs, l’OMS veut s’assurer que les thérapies géniques profitent à tout le monde, peu importe où l’on vit. Selon les auteurs des documents, les essais cliniques sont souvent menés dans les pays pauvres, tandis que les thérapies qui en résultent se retrouvent dans les pays les plus riches, avec des prix élevés.
Quid de l’adoption des nouvelles mesures ?
Certes, il s’agit d’une initiative qui est la bienvenue, mais on se demande si ces nouvelles règles seront réellement acceptées. D’autant plus que comme la plupart des traités internationaux, l’adoption repose sur la volonté de chaque pays. « C’est toujours une question très ouverte dans mon esprit de savoir qui est responsable de le faire » a déclaré au WSJ Jeffrey Kahn, un bioéthicien de l’université Johns Hopkins qui a travaillé sur un rapport similaire en 2020.