Les forêts tropicales absorbent d’énormes quantités de dioxyde de carbone de l’atmosphère. Ce rôle est essentiel pour atténuer les effets du changement climatique. En 2015, les forêts tropicales couvraient environ 1 770 millions d’hectares de la surface de la planète. 840 millions d’hectares se trouvaient en Amérique du Sud, dont 550 millions d’hectares en Amazonie.
Les jungles tropicales ne sont pas seulement une énorme pompe à CO2 et autres gaz à effet de serre, elles constituent aussi une véritable concentration de biodiversité. D’importantes espèces végétales et animales y trouvent refuge. Cependant, l’activité humaine constitue une véritable menace pour ces forêts, en particulier pour l’Amazonie. La revue Nature a publié le 14 juillet dernier une étude assez inquiétante. Celle-ci affirme que la jungle amazonienne est désormais une usine de gaz à effet de serre.
La conséquence de 40 ans de déforestation
L’Amazonie libère plus de carbone dans l’atmosphère qu’elle n’en absorbe. La nouvelle étude montre que le volume des rejets atteint désormais un milliard de tonnes par an. L’équilibre du carbone a basculé en raison de « perturbations humaines à grande échelle » dans l’écosystème amazonien, écrivent les chercheurs dans leur article.
La partie orientale de la forêt amazonienne a subi une déforestation massive au cours des 40 dernières années. La région est logiquement devenue plus chaude, plus sèche et plus sujette aux incendies. Il en résulte une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Le nombre d’arbres permettant d’aspirer le dioxyde de carbone par photosynthèse a considérablement diminué.
Un important déséquilibre
« La deuxième mauvaise nouvelle est que les endroits où la déforestation est de 30 % ou plus ont des émissions de carbone 10 fois plus élevées que ceux où la déforestation est inférieure à 20 % », a déclaré l’auteur de l’étude, Luciana Gatti, au quotidien britannique The Guardian.
Les chercheurs ont analysé près de 600 mesures de CO2 provenant de quatre sites de l’Amazonie brésilienne, datant de 2010 à 2018. Les incendies ont produit en moyenne environ 1,5 milliard de tonnes de carbone par an. Le processus d’absorption n’a neutralisé qu’environ 500 millions de tonnes.
Une lutte intensive contre la déforestation est indispensable
Le bassin amazonien compte près de 7,2 millions de km² de jungle. Cela représente plus de la moitié de la superficie actuelle des forêts tropicales dans le monde. Il est essentiel de limiter la déforestation, et en particulier les incendies de forêt, pour inverser cette tendance dangereuse en Amazonie. Gatti — qui travaille pour l’Institut national de recherche spatiale du Brésil — estime que mettre fin à la déforestation peut encore sauver la forêt amazonienne. Ne rien faire accélérera le changement climatique, prévient la scientifique.