Les cicatrices, qu’elles soient le résultat d’une simple opération ou de blessures graves, sont souvent désagréables. En plus d’être des marques déplaisantes, elles peuvent limiter l’élasticité de la peau. Dans le pire des cas, certains patients voient leur mobilité réduite. La cicatrisation est un phénomène de régénération et de consolidation rendu possible par le collagène. Cette famille de protéines garantit la résistance mécanique des tissus à l’étirement. Sa production massive pendant la cicatrisation et la perte d’élastine — protéines responsables de l’élasticité des tissus — font que les cicatrices peuvent devenir problématiques. Il y a une dizaine d’années, la découverte de l’alphaCT1 dans les laboratoires de l’Institut polytechnique et université d’État de Virginie, aux États-Unis, a considérablement amélioré le traitement des plaies. Une nouvelle étude permet désormais de mieux comprendre comment cette molécule contribue à la cicatrisation.
Un essai sur plusieurs patients
On doit cette étude à une équipe de Virginia Tech, dirigée par le professeur Robert Gourdie. Elle a été publiée dans le journal de la Fédération des sociétés américaines de biologie expérimentale. La recherche a consisté en une excision cutanée de 5 mm du biceps interne de chaque bras de 49 participants en parfaite santé. Les plaies ont ensuite été traitées avec des gels appliqués localement : un contenant de l’alphaCT1 et un autre sans la molécule. Après une période de cicatrisation de 29 jours, les marques des deux plaies ont été photographiées et biopsiées pour analyse. Dans les plaies traitées avec l’alphaCT1, le collagène qui constituait la cicatrice a pris la forme de bandes emmêlées. Cette configuration a permis au tissu de s’étirer dans toutes les directions, se comportant comme une peau qui n’avait jamais été blessée.
La danse des fibroblastes
En revanche, les plaies non traitées ont produit des cicatrices beaucoup moins souples. Les bandes de collagène étaient disposées parallèlement les unes aux autres. Des résultats similaires ont été observés chez les rats et les cobayes.
Les observations au microscope des cultures de cellules de peau ont permis de voir comment l’alphaCT1 agissait. La molécule étire les fibroblastes, les cellules productrices de collagène. Celles-ci reprennent ensuite leur forme d’origine et changent de direction. Les chercheurs de Virginia Tech appellent ce phénomène la danse des fibroblastes.
Des tests cliniques en phase 3
Le secret du pouvoir cicatrisant de l’alphaCT1 repose donc sur le comportement inhabituel des fibroblastes. Les essais cliniques de la molécule se situent en phase 3, ce qui constitue une étape supplémentaire vers la commercialisation. À noter que l’entreprise FirstString Research finance les travaux sur l’alphaCT1 depuis 2018. Elle se chargera également de la production et de la distribution du traitement à base de la molécule.