Après avoir envahi la France en juin 1940, l’Allemagne nazie a lancé une campagne militaire contre le Royaume-Uni en juillet de la même année. Pendant trois mois, la Luftwaffe bombarda des cibles britanniques. Elle attaquait de façon sporadique : d’abord les ports et les centres d’expédition, puis les bases de la Royal Air Force et les infrastructures stratégiques.
Les avions allemands ont également bombardé des civils et des sites politiques importants. Les frappes se sont concentrées dans le sud de l’Angleterre, d’où le nom de Bataille d’Angleterre. Le 15 septembre fut un moment fort du conflit: il marqua le début d’une riposte massive de l’armée de l’air britannique contre les chasseurs nazis.
Un modèle mathématique de la Bataille d’Angleterre
L’issue de la Bataille d’Angleterre représente la première victoire décisive des Alliés contre le Troisième Reich. Cependant, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale aurait pu être bien différente si l’Armée de l’air Royale avait perdu cette bataille.
Des historiens et des mathématiciens de l’université Saint John de York, en Angleterre, ont travaillé sur un modèle mathématique de la bataille d’Angleterre. Cette simulation permet de déterminer l’issue probable du conflit aérien si les circonstances avaient été différentes. A noter que l’étude n’est pas récente, puisqu’elle date de janvier 2020. Néanmoins, elle n’en est pas moins intéressante.
Succès des Nazis en deux ajustements stratégiques
Les chercheurs ont utilisé la technique du bootstrap pondéré pour modéliser des campagnes alternatives. Dans celles-ci, la Luftwaffe aurait prolongé ou raccourci les différentes phases de la bataille et varié ses cibles. À partir des différentes décisions stratégiques que les forces allemandes auraient pu prendre, le modèle mathématique a déterminé la probabilité que les événements d’un jour de combat donné se produisent ou non.
Deux ajustements stratégiques ont considérablement fait pencher la balance en faveur des Allemands. Si les forces nazies avaient lancé leur campagne plus tôt dans l’année et avaient systématiquement ciblé des sites de la Royal Air Force, une victoire alliée aurait été très improbable. Le modèle mathématique a calculé une baisse de 34 % des chances de victoire de l’armée de l’air britannique.
Un outil pour mieux comprendre l’Histoire
Il va sans dire que la méthode des chercheurs de l’université Saint John de York peut être appliquée à d’autres événements de l’Histoire. « La technique du bootstrap pondéré peut fournir un outil naturel et intuitif aux historiens pour enquêter sur des possibilités non réalisées, éclairant les controverses et les débats historiques », ont expliqué les auteurs de l’étude dans un communiqué de presse. Les chercheurs ont ainsi à leur disposition un outil leur permettant de comprendre l’importance ou l’influence de certains événements dans le déroulement de l’Histoire.