Les CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats) sont en génétique de courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées. Ces familles de séquences répétées dans l’ADN donnent la possibilité de corriger les mutations génétiques. Rappelons que ces mutations peuvent être dangereuses. Elles sont responsables de plus de 6 000 pathologies.
Une méthode d’utilisation des CRISPR pour traiter les maladies consiste à retirer les cellules affectées d’un patient. La mutation est corrigée en laboratoire et la modification génomique est introduite dans le corps pour se répliquer. La méthode a montré son efficacité pour soigner des personnes atteintes de drépanocytose avec de nouvelles cellules de moelle osseuse.
Un défi de taille
L’injection intraveineuse a toujours posé un problème. Néanmoins, des chercheurs des laboratoires américains Intellia Therapeutics et Regeneron Pharmaceuticals semblent avoir trouvé la solution. Le développement de traitements CRISPR par injection intraveineuse se heurte à une difficulté majeure. Les ciseaux moléculaires doivent en effet trouver les bonnes cellules à modifier au risque de propulser la mutation héréditaire dans l’ADN de chaque cellule de notre corps. S’il ne vise qu’un trouble au niveau du foie, le traitement ne doit pas agir sur d’autres organes comme les reins ou le pancréas.
Des résultats prometteurs contre l’amylose à transthyrétine
Lors d’un essai clinique de phase 1, les chercheurs d’Intellia Therapeutics ont procédé à une injection intraveineuse d’une solution CRISPR baptisée NTLA-2001 sur six patients. Ces derniers sont atteints d’une maladie du foie héréditaire rare et potentiellement mortelle qui est l’amylose à transthyrétine. À noter que ce trouble pousse le foie à produire une protéine destructrice. Le traitement CRISPR a été conçu pour cibler le gène responsable de ce phénomène. Après une seule injection de NTLA-2001, les trois patients ayant reçu une dose plus élevée ont vu leur taux de protéine chuter de 80 à 96 %.
En outre, la thérapie n’a produit que des effets indésirables légers. Il est pour l’heure impossible de savoir si la baisse de la quantité de protéines est permanente. Il faudra attendre plusieurs semaines voire des mois pour le découvrir. Jennifer Doudna est en tout cas satisfaite de ces résultats préliminaires. À noter que la biologiste moléculaire de l’université de Californie à Berkeley a développé la technique d’édition génomique CRISPR utilisée pour le NTLA-2001. Elle n’a cependant pas pris part à l’expérimentation.
L’édition génomique intraveineuse pour soigner d’autres maladies
Les résultats très prometteurs du NTLA-2001 ne concernent pas que l’amylose à transthyrétine. Ils laissent entrevoir la possibilité de recourir à la modification génomique par voie intraveineuse pour soigner d’autres troubles génétiques difficiles à cibler, notamment les maladies cérébrales et cardiaques. « C’est un jour merveilleux pour l’avenir de l’édition des gènes en tant que médicament », a exprimé Fyodor Urnov, un autre professeur de génétique à l’université de Californie à Berkeley.
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