Tout a commencé en 2018, lorsqu’une équipe de chercheurs a pensé avoir découvert des preuves de lacs souterrains sur la quatrième planète du système solaire. Ils ont effectué d’étranges observations grâce aux données collectées par MARSIS, le sondeur radar attaché à l’orbiteur Mars Express de l’Agence spatiale européenne.
Sous la calotte glaciaire sud martienne, les chercheurs disent avoir repéré une région qui réfléchit fortement les signaux radar. Ils en ont conclu qu’il s’agissait d’une énorme poche d’eau liquide; cela laissait alors envisager la possibilité d’une vie microbienne sous la surface de la planète rouge.
Des études contradictoires
Il fait trop froid sur Mars pour que de grands réservoirs d’eau liquide puissent exister, même s’ils sont saturés en sel, a affirmé un article paru dans Geophysical Research Letters en juin dernier. Ce mois-ci, la revue scientifique a publié de nouvelles recherches qui remettent complètement en cause l’hypothèse des lacs souterrains martiens.
Le planétologue Isaac Smith de l’université York de Toronto, au Canada, et de l’Institut des sciences planétaires de Tucson dans l’Arizona, aux États-Unis, est l’auteur de la nouvelle étude. « À ce jour, tous les articles précédents n’ont pu que suggérer des incohérences dans l’hypothèse des lacs souterrains. On est le premier à démontrer qu’un autre matériau est la cause la plus probable des observations », déclare le chercheur.
Les lacs souterrains sur Mars seraient en réalité de l’argile
En se référant aux notes de la recherche publiée en juin, on se demandait ce que pouvaient être les reflets repérés par MARSIS, s’ils n’étaient pas causés par des réservoirs d’eau liquide; les nouvelles données ont poussé Smith et son équipe à explorer la possibilité d’autres matières. De l’argile solidifiée à des températures cryogéniques pourrait être à l’origine du phénomène, selon le planétologue. Son équipe a combiné la modélisation théorique avec des mesures en laboratoire et des observations de télédétection pour identifier la mystérieuse matière.
Il s’avère que les smectites peuvent être responsables des reflets observés au pôle Sud de Mars. Ces minéraux argileux sont présents sur près de 50 % de la surface martienne. Les données indiquent également une concentration plus importante dans l’hémisphère sud, en particulier dans la région polaire.
De très faibles chances de trouver de l’eau liquide sur Mars
La présence d’eau sous forme liquide pourrait être expliquée si Mars était chauffée de l’intérieur. Des recherches explorent cette piste, compte tenu de récents indices suggérant que la planète est géologiquement et volcaniquement active. En attendant, les smectites restent la seule explication plausible pour les observations de MARSIS. « Les lacs sous la glace laissent plus de questions sans réponse que de réponses. Une réponse plus simple est qu’un matériau dont nous savons maintenant qu’il existe au pôle sud de Mars explique mieux les observations anormales », conclut Smith.