Certains chercheurs considèrent effectivement la fusion nucléaire comme notre avenir énergétique. Cela pour plusieurs raisons. La production énergétique par le nucléaire fait aujourd’hui l’objet de fortes contestations. Elle repose sur le processus de fission : les liaisons des noyaux atomiques lourds sont rompues pour libérer de l’énergie.
La technique permet certes de générer une quantité colossale d’énergie, mais avec certains risques, dus notamment à l’instabilité de l’atome lourd projeté sur le neutron. Ce procédé produit également un volume considérable de déchets radioactifs, dont la gestion reste problématique. Vient en outre la question des accidents de centrales nucléaires. Ces incidents sont lourds de conséquences pour l’environnement et la population.
Une avancée historique dans le domaine de la fusion nucléaire
La fusion utilise le mécanisme inverse pour générer de l’énergie. La technique consiste à assembler deux noyaux atomiques légers pour obtenir un nouveau plus lourd. Précisons que ce processus naturel anime toutes les étoiles, dont notre Soleil. La fusion nucléaire produit peu de déchets et n’émet aucun gaz à effet de serre. D’où son intérêt pour les chercheurs en énergie.
Le laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL) est rattaché au département américain de l’Énergie. Sa mission principale consiste à développer des armes nucléaires pour les États-Unis. Toutefois, son champ d’études s’étend également à la recherche en matière d’énergie. Ses installations à Livermore, en Californie, abritent le National Ignition Facility (NIF) – un laser de recherche extrêmement puissant. Celui-ci a permis de réaliser une avancée historique dans le domaine de la fusion nucléaire, a annoncé le LLNL.
10 quadrillions de watts en une fraction de seconde
Les chercheurs américains ont ainsi utilisé le NIF – qui fait la taille de trois terrains de football – pour une impressionnante production énergétique. Ils ont concentré le laser géant émettant près de 200 faisceaux sur un petit point pour créer une méga explosion d’énergie, soit huit fois plus qu’ils ne l’avaient jamais effectué auparavant. Le test, réalisé le 8 août dernier, a généré un point chaud du diamètre d’un cheveu humain. Cela a généré plus de 10 quadrillions de watts de puissance pendant 100 trillions de secondes.
Malgré la nature très brève de l’énergie obtenue, les chercheurs parlent d’un grand pas vers l’exploitation de l’énergie nucléaire par fusion. « Ce résultat est une avancée historique pour la recherche sur la fusion par confinement inertiel », a commenté Kim Budil, directeur général du LLNL.
La première avancée significative depuis 1972
Les centrales nucléaires qui produisent de l’énergie par fusion ne sont pas encore pour demain. Les chercheurs du laboratoire américain doivent d’abord atteindre et dépasser le seuil d’ignition. Cela leur permettra de déclencher la réaction de fusion tant désirée. Le LLNL ambitionne d’atteindre cet objectif pour le prochain test, dont la préparation va prendre plusieurs mois.
Spécialiste de la fusion nucléaire à l’Imperial College London au Royaume-Uni, Steve Rose décrit l’expérimentation comme « l’avancée la plus significative en fusion inertielle depuis ses débuts en 1972 ». « Transformer ce concept en une source d’énergie électrique renouvelable sera probablement un long processus et impliquera de surmonter d’importants défis techniques », a souligné un autre chercheur éminent de l’université britannique, Jeremy Chittenden.