Sun est né en 1987 dans une région reculée du Guizhou, une province du sud-ouest de la Chine. Même si cette région est aujourd’hui une destination touristique grâce à ses stations thermales, pendant l’enfance du jeune homme, elle était très isolée et ne possédait presque rien. À l’âge de neuf ans, la vie de Sun a radicalement changé.
On lui a diagnostiqué une tumeur osseuse maligne appelée ostéosarcome, et la maladie forcera l’amputation de sa jambe droite. Lorsque ses parents lui ont demandé de réfléchir à la manière dont il survivrait après leur disparition, Sun a commencé à penser sérieusement à son avenir. L’adolescent se donna alors à fond dans ses études: il étudie jour et nuit, et ses connaissances s’améliorent. Il fréquente l’un des rares lycées de Guizhou pour se préparer à l’université.
Des prothèses à la pointe de la technologie
Après ses années de lycée, Sun Xiaojun a choisi d’intégrer la prestigieuse université des sciences et technologies Huazhong à Wuhan, ce qui l’emmènera à l’université du Tōhoku, au Japon, dans le cadre d’un programme d’échange. En 2010, il a entamé des recherches de troisième cycle à l’université de Tokyo pour finalement trouver sa voie : développer des prothèses à la pointe de la technologie.
Le séjour au Japon aura complètement sublimé la vie du jeune campagnard.; cela fait maintenant quelques années qu’il a dit adieu à ses béquilles. « Pendant mon master, j’ai commencé à utiliser une prothèse de jambe que j’avais développée grâce à un programme de bourses pour personnes handicapées », raconte le doctorant à l’université de Tokyo.
Comme marcher en utilisant ses propres muscles
S’il était heureux d’abandonner ses béquilles et d’utiliser ses deux mains, il trouvait les prothèses passives conventionnelles difficiles à utiliser. L’idée de concevoir une prothèse robotique plus ergonomique et plus performante lui est alors venue. Aujourd’hui, Sun s’apprête à lancer une prothèse bionique qui fonctionne comme une vraie jambe, et il aura fallu six ans pour mettre au point le dispositif.
La plupart des prothèses de jambes sont des équipements passifs, non motorisés; elles nécessitent que le porteur fournisse toute la force nécessaire pour effectuer le mouvement. Mais l’invention du natif de Guizhou est différente: elle combine plusieurs capteurs qui détectent les mouvements de l’utilisateur et embarque des moteurs pour faciliter les efforts. Ce système rend l’utilisation de la jambe moins pénible: même en marchant dans les escaliers, la prothèse bionique promet un grand confort, comme si l’utilisateur utilisait ses propres muscles.
La mobilité pour tous
Il y a trois ans, Sun Xiaojun a fondé avec l’université de Tokyo la start-up BionicM, qui vise à développer des prothèses robotiques pour les amputés et les personnes à mobilité réduite. Le M du nom de la jeune entreprise signifie à la fois homme et mobilité – la traduction des termes anglais « man » et « mobility ».
Cela illustre l’engagement de BionicM à combiner les hommes et la technologie: « La plupart des gens gardent leurs prothèses cachées, mais je voulais changer cela », a souligné Sun Xiaojun. Et d’ajouter : « je crois que j’ai pour mission de créer un monde où les personnes handicapées et les personnes âgées sont capables de marcher librement et de manière indépendante. »