Lorsque l’on parle du « poumon de la Terre », c’est invariablement la forêt amazonienne qui nous vient à l’esprit. Pourtant, il est un continent qui possède de nombreuses forêts qui contribuent au stockage du carbone sur la Planète : les forêts africaines.
Nous avons tendance à oublier ces « poumons verts » disséminés sur le continent africain, et pourtant, elles stockeraient bien plus de carbone que nous l’imaginons. Certaines forêts de hautes montagnes pourraient même en stocker plus par hectare que la forêt amazonienne. Une récente étude publiée dans la revue Nature nous rappelle que ces forêts existent et qu’elles sont aussi essentielles !
Des résultats qui surprennent
Aida Cuni-Sanchez, écologiste des forêts tropicales de l’Université de York au Royaume-Uni et de l’Université norvégienne des sciences de la vie explique que ces forêts, par leurs conditions climatiques, devraient avoir une plus faible teneur en carbone.
Dans la logique, les basses températures des montagnes et les périodes durant lesquelles elles sont couvertes par les nuages devraient ralentir leur croissance. Quant aux vents forts, ils devraient limiter la pousse des arbres en hauteur… Mais ce n’est apparemment pas la réalité.
Les chercheurs ont pu observer dans les forêts africaines des arbres de plus de 70 centimètres de diamètre, qui stockeraient donc autant de carbone que ceux de la forêt amazonienne ou de la jungle de Bornéo.
La déforestation aussi en Afrique
Cependant, comme dans tous les pays, la déforestation par l’humain pour l’exploitation agricole ou minière détruit ces forêts. Ainsi, depuis le début du siècle, l’Afrique aurait perdu environ 0.8 million d’hectares de forêts, principalement en Éthiopie, Ouganda ou République Démocratique du Congo. Cela équivaudrait à rejeter plus de 450 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Si les forêts africaines ne sont pas plus protégées dans les années à venir, le continent pourrait perdre encore 0.5 million d’hectares.
Le rapport du GIEC pointé du doigt
D’après les chercheurs, la quantification des stocks de carbone des forêts africaines est essentielle à la Planète tout entière. Pourtant, les experts du GIEC semblent les laisser de côté au profit de la forêt amazonienne, centre de toutes les études. Pourtant, les données des régions africaines seraient exceptionnelles et d’une importance capitale.
Dans un rapport de 2019, les experts du GIEC donnaient un stockage d’environ 89 tonnes par hectare pour les forêts africaines; or, les chercheurs, dans leur nouvelle étude, ont analysé 44 sites forestiers dans 12 pays, et le potentiel des forêts africaines serait, en réalité de 150 tonnes par hectare, soit deux fois plus que l’analyse des climatologues !
Les forêts africaines possèdent beaucoup moins de tiges que de gros arbres et ce serait dû à la faune qui y vit. Même si les chercheurs n’ont aucune certitude, ils pensent que les grands herbivores pourraient être la source de ce type de forêt.
Des forêts façonnées par les éléphants ?
Si les forêts africaines captent autant de carbones, il se pourrait que ce soit grâce aux éléphants et autres herbivores. En effet, les animaux de grandes tailles mangent les herbes hautes, laissant ainsi de grands espaces pour que poussent les gros arbres. Cependant, il faudra des études plus poussées pour en avoir la certitude.
14 pays d’Afrique s’engage aujourd’hui dans le Bonn Challenge: ce défi vise à restaurer 350 millions d’hectares de forêts dévastées d’ici 10 ans. Les pays signataires comptent ainsi lutter contre le changement climatique, restaurer la biodiversité, et créer des emplois aux populations les plus pauvres.
Cette étude prouve que la Forêt Amazonienne n’est pas la seule qu’il faille protéger… Les forêts africaines jouent elles-aussi un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique.