Le singleton est défini dans les mathématiques comme un ensemble avec exactement un élément; l’hypothèse Singleton trouve d’une certaine manière son fondement dans ce concept. Nick Bostrom s’est interrogé sur la possibilité que toutes les sociétés humaines ayant existé ne soient finalement qu’un prélude à l’établissement d’un système mondial unique.
Cela a amené le philosophe suédois à proposer l’hypothèse Singleton: il a développé son idée dans un papier de recherche publiée dans la revue philosophique Linguistic and Philosophical Investigations en 2006.
La technologie comme élément central
Nos sociétés ont montré une tendance historique à converger vers des niveaux d’organisation sociale plus élevés, affirme le fondateur de l’Institut pour l’avenir de l’Humanité à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni.
Nous sommes effectivement passés de plusieurs groupes de cueilleurs-chasseurs à des civilisations plus ou moins vastes. Sont ensuite venues des cités-États avant d’arriver aux nations actuelles. La possibilité d’un tel ordre mondial est préoccupante en raison des risques d’abus. Cependant, le système pourrait également comporter des avantages.
La mise en place de cet ordre mondial unique passe par la technologie, selon l’hypothèse Singleton. Les technologies de surveillance et de communication améliorées, le contrôle mental, la nanotechnologie moléculaire, ainsi que l’intelligence artificielle, pourraient engendrer un seul ordre gouvernemental mondial.
Le progrès technologique peut comporter un risque pour les libertés individuelles et la protection de la vie privée. Des solutions technologiques associées à des valeurs morales convergentes permettraient d’éviter les dérives selon Bostrom.
Comment l’humanité profiterait-elle de cet ordre unique ?
Pour le chercheur de l’université d’Oxford, un singleton gouvernemental est la solution pour éviter la course aux armements; il n’y aurait plus de puissances mondiales concurrentes dans un nouvel ordre mondial unique.
L’exploration spatiale est redevenue la priorité de plusieurs grands pays pour faire la démonstration de leur supériorité technologique; l’existence d’un gouvernement mondial pourrait réduire le risque de conflits en lien avec la conquête spatiale.
En outre, un nouvel ordre mondial basé sur une intelligence artificielle aiderait à mieux travailler à la survie de la population dans son ensemble; on éviterait plus facilement de se retrouver dans un monde dystopique – comme l’imaginent souvent les œuvres de science-fiction. Mais surtout, l’humanité bénéficierait d’une distribution plus équitable des ressources.
Les défauts d’une telle structure organisationnelle
Avec une seule entité pour contrôler l’ensemble de la planète, il y a le risque de la perte de contrôle sur la prise de décision. Cela pourrait entraîner des conséquences catastrophiques pour l’humanité, notamment pour la diversité.
Le monde serait également davantage exposé à une panne systémique en cas de crise. Bostrom souligne qu’il existe aujourd’hui des processus qui limitent le potentiel destructif de certains phénomènes. Vient également la question de la lourdeur bureaucratique si une telle organisation se met en place. Par ailleurs, le plus grand risque est la naissance d’un régime mondial autoritaire, une dictature qui aurait une emprise sur toute la planète.