Les rodéos dits urbains consistant à faire des courses de vitesse, des wheelings et autres figures stylistiques ne se limitent pas aux villes. De plus en plus de villages sont pris d’assaut par ces rodéos sauvages, entraînant avec eux dangers pour les usagers, mais également des nuisances sonores et parfois la destruction des mobiliers urbains ou culturels.
Les forces de l’ordre ont bien du mal à faire face à des hordes de fous furieux à moto qui filent à la moindre apparition de gyrophare. Pour faciliter le travail des policiers et gendarmes, des députés proposent de revenir sur la loi de 2018 en autorisant les drones pour la surveillance de ces manifestations sauvages et dangereuses.
Une loi déjà sévère qui n’arrête pas les rodéos
La loi qui existe déjà prévoit peine de prison et amende pécuniaire; cependant, elle n’a pas permis d’enrayer ce phénomène. Au contraire, il semble prendre de plus en plus d’ampleur en France. Et ces rodéos conduisent parfois à des drames irréversibles…
- Août 2021 : A Toulouse, une femme de 75 ans est décédée, fauchée par un motard de 25 ans.
- Juillet 2021 : A Amiens, une jeune femme de 21 ans perdait la vie, tuée par un motard pratiquant le rodéo sauvage.
La liste s’allonge chaque semaine ou presque, sans parler de ceux qui meurent au guidon de leur moto ou au volant de leur voiture. Deux députés Robin Reda (LR) et Natalia Pouzyreff (LREM), rapporteurs d’une mission parlementaire, estiment que cette loi n’a pas permis de stopper ces pratiques dangereuses. Et qu’elles ne font même qu’empirer !
Des drones pour aider les forces de l’ordre
En d’autres termes et parmi une vingtaine de recommandations, les deux députés expliquent : « En matière de lutte contre les rodéos motorisés, les caméras aéroportées pourraient constituer une alternative efficace à la poursuite des délinquants »
Il faut savoir que les forces de l’ordre ont ordre de ne pas « chasser » les auteurs de rodéos sauvages à travers la ville pour éviter les suraccidents; ils ont pour consigne de n’engager de poursuite physique qu’en cas de délits graves mettant en danger la vie d’autrui. Aujourd’hui, les interpellations différées en relevant les plaques d’immatriculation sont donc privilégiées.
Le problème étant que ces poursuites ne mènent que très peu à une véritable arrestation et/ou condamnation… Pas de plaque, véhicules volés, les délinquants ne s’embarrassent pas de véhicules conformes pour la plupart, et se pensent donc intouchables vis-à-vis des forces de l’ordre.
Des drones limiteraient les risques
Selon les députés, l’utilisation de drone permettrait de faciliter les interpellations en limitant les risques liés à la poursuite d’un véhicule par un autre. Et ils souhaitent acter l’utilisation des drones dans la loi sur les rodéos sauvages dès que possible. Cette modification devrait être discutée en commission à l’Assemblée nationale dès le 14 septembre prochain.
Les drones sont finalement des innovations encore peu utilisées par les forces de l’ordre et leur usage reste peu encadré: un flou juridique que les députés prévoient de clarifier avec cette nouvelle proposition.
Rodéos urbains que dit la loi ?
La loi du 3 août 2018 (LOI n° 2018-701) interdit évidemment les rodéos urbains. Elle les définit par des acrobaties ou courses de vitesse avec un véhicule motorisé, ce qui peut donc être une voiture, un scooter ou une moto. Ce délit est passible d’un an de prison de 15000€ d’amende. Les peines sont d’ailleurs doublées si ces rodéos ont lieu en réunion, et triplées si le conducteur est sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiant. Et s’il n’a pas son permis et ajoute la consommation de drogue et/ou d’alcool, l’amende sera de 60 000€.
Quelques peines dissuasives complémentaires sont également prévues dans cette loi:
- Confiscation immédiate du véhicule (homologué ou pas);
- Suspension ou annulation du permis de conduire;
- Obligation d’effectuer un stage de sensibilisation à la sécurité routière.
Quant aux organisateurs de rodéos urbains, ils encourent une peine de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Au vu du nombre de victimes chaque année et des rodéos qui se multiplient en ville ou en campagne, ces peines ne semblent encore pas assez lourdes. Ce fléau prend de plus en plus d’ampleur comme à Réau, un petit village tranquille de Seine-et-Marne qui accueillait malgré lui, des rodéos sauvages sur une route en construction.