Quand on parle de sa « Madeleine de Proust », on parle souvent d’une odeur qui nous renvoie à notre enfance… Ce peut être l’odeur des roses du jardin, un parfum que portait nos grands-parents ou encore l’odeur du gâteau qui cuisait dans le four. Mais comment une simple odeur peut nous renvoyer à un lointain souvenir ?
Notre cerveau serait-il capable d’intégrer une odeur qui peut d’ailleurs nous rappeler un bon comme un mauvais souvenir ? Les chercheurs appellent ce phénomène la mémoire associative, et ce serait grâce à elle que des éléments auditifs ou olfactifs nous permettraient de faire remonter nos souvenirs passés. Explications.
Les cellules responsables identifiées
La molécule responsable de ce phénomène ne serait autre que la dopamine. Rappelons que la dopamine « renforce les actions habituellement bénéfiques telles que manger un aliment sain en provoquant la sensation de plaisir ».
La mémoire associative crée donc un lien entre un élément olfactif ou auditif et une situation passée. Et elle tient son origine d’une zone du cerveau appelée lobe temporal médian, qui regroupe l’hippocampe, l’amygdale et le cortex rhinal. Et ce serait donc cette zone qui serait responsable de l’association souvenir-odeur.
L’étude réalisée sur des rats
Une étude parue dans la revue Nature en 2014 s’intéressait à 17 rats qui ont été entraînés à reconnaître des odeurs sur un chemin défini. L’étude précise les zones du lobe temporal sollicitées lors de cette expérience: le cortex entorhinal traite les informations auditives ou olfactives puis les stocke dans l’hippocampe. Pour les rats, l’association odeur-lieu affiche un taux de réussite de 85%. Les rats peuvent donc se souvenir d’un chemin à emprunter uniquement grâce aux odeurs qu’il dégage.
Et ces cellules seraient contrôlées par la dopamine
Si les zones du cerveau de la mémoire associative sont connues depuis 2014, une nouvelle étude parue cette année dans la revue Nature identifie le neurotransmetteur responsable : la dopamine. Les cellules responsables de la mémoire associative se situent donc dans le lobe temporal médian, qui est lui-même contrôlé par la dopamine. Sentir une odeur du passé active la zone du cerveau, qui transmet donc via la dopamine, le souvenir associé.
Un espoir pour les malades d’Alzheimer ?
En entraînant le cerveau d’une souris à associer des odeurs à des récompenses, les chercheurs ont identifié de manière précise les cellules impliquées dans la mémoire associative.
Kei Igarashi, l’un des auteurs de cette étude, estime qu’en travaillant sur la dopamine, un futur traitement contre la maladie d’Alzheimer pourrait voir le jour. En stimulant les cellules contrôlées par la dopamine chez les malades d’Alzheimer, cela pourrait donc permettre de ralentir les pertes de mémoire.
Rappelons que la maladie d’Alzheimer touche chaque année 225 000 personnes supplémentaires (Source Institut du Cerveau). 1.3 millions de personnes en France souffrent de cette maladie neurodégénérative pour laquelle il n’existe encore aucun traitement. La stimulation de la dopamine et donc de la mémoire associative pourrait donc permettre d’envisager des thérapies cognitives plus appropriées.