Quand nous pensons Nord de la France, nous pensons « accueil chaleureux », « Ch’tis », « Maroilles », et friteries évidemment. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive et on pourrait ajouter encore bien des choses qui définissent cette région de France.
Mais, les frites, et les friteries sont une institution dans le Nord, tout proche de la Belgique qui se déclare le pays « roi de la frite ». Et ces frites, ou plutôt l’huile dans laquelle elles cuisent a donné des idées à une entreprise : GECCO. Cette entreprise basée à Avelin (59) transforme les huiles de friture usagées en un carburant biodiesel, qui pourrait bien faire rouler les camions-poubelles des communes. On vous explique tout.
Une expérimentation en cours
La Communauté d’agglomération de Béthune Bruay Artois Lys Romanequi regroupe 100 communes, et expérimente le biodiesel à base d’huile de friture sur les camions de ramassage des déchets. Si, ce carburant est bien entendu interdit à la vente au grand public, son utilisation est possible par des professionnels.
On ne le sait pas toujours, mais de nombreux véhicules circulent déjà avec de l’huile de friture depuis quelques années. Mais jusque-là, le carburant fabriqué contenait environ 70% de gasoil classique.
L’innovation vient de Gecco qui propose désormais un biodiesel à base de 100% d’huiles animales ou végétales recyclées. Il s’appelle B100, et est actuellement en test dans les 75 camions-poubelles qui sillonnent les communes. Les communes représentent 280 000 habitants et les camions parcourent environ 2 millions de kilomètres par année, soit une consommation de 1 million de litres de gasoil !
Des bénéfices écologiques et économiques à venir
Pierre Emmanuel Gibson, élu, chargé de la collecte et de la valorisation des déchets explique qu’ils souhaitaient une solution pour réduire massivement l’empreinte carbone de ces camions. Le biodiesel à base d’huile de friture s’est imposé naturellement puisque ce déchet est disponible en grande quantité à l’échelle locale.
De plus, cela ne demande aucune modification des véhicules, ni aucune maintenance particulière. Au lieu de faire un plein de gasoil, ils font le plein de B100 ! Depuis 2019, ils utilisaient déjà le B30 (30% huile de friture / 70% gasoil) et le retour d’expérience a permis de passer au 100% huile de friture.
Même si ce carburant est interdit au grand public, l’élu explique que ce biocarburant s’adapte à tous les moteurs diesel. Et en profite aussi pour tacler le gouvernement qui dit que ces biocarburants ne sont pas compatibles. Pourtant dans le Nord, ils semblent apporter la preuve du contraire.
Une matière première presque inépuisable
L’entreprise Gecco collecte chaque semaine près de 20 tonnes d’huiles alimentaires usagées. Cette collecte se fait auprès des restaurants, friteries, baraques à frites, mais également auprès des particuliers. Et ils parviennent à produire environ 1 million de litres de B100 par an grâce à leur nouvelle installation ! Pile ce qu’il faut pour les camions poubelles. Ecologiquement, la combustion du B100 affiche 93% de gaz à effet de serre en moins émis, et 60% de particules fines en moins par rapport au gasoil.
Economiquement, ce n’est pas encore la panacée puisque le litre se vend aux alentours d’1.30€. Mais le bénéfice est bien réel pour la planète, et avec l’explosion des prix des carburants, le diesel pourrait allégrement dépasser les 1.30€ au litre de manière constante. Ce qui finalement pourrait bien équilibrer aussi la balance financière.
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