Vous êtes-vous déjà retrouvé à un endroit que vous pensez connaître sans jamais l’avoir vu auparavant ? Nous avons tous déjà expérimenté le sentiment que les scientifiques appellent le « déjà-vu ». Cette sensation étrange, comme un bug dans la matrice, d’avoir déjà vécu un moment qui se déroule en même temps que nous le vivons perturbe évidemment notre perception du temps.
Pour certains greffés d’organes cela peut s’expliquer par le fait que les organes auraient une mémoire. Comme Charlotte Valandray, greffée du cœur, l’explique dans son livre De Cœur Inconnu, le cœur reçu pourrait conserver la mémoire des lieux visités… Mais ce ne sont évidemment que des suppositions. Des scientifiques, eux, se sont penchés sur le cerveau de volontaires qui ressentent cette impression de « déjà-vu » mais sans avoir été greffés.
Comment l’étude a-t-elle été menée ?
Difficile de savoir quand cette impression de déjà-vu va se présenter, c’est l’une des difficultés à surmonter pour étudier ce sentiment. Les chercheurs de l’université de St Andrew (Ecosse) ont donc cherché à observer ce phénomène.
Pour se faire, ils ont proposé à 21 volontaires de passer une IRM en tentant de simuler l’impression de déjà-vu sur le cerveau du panel. Akira O’Connor, le neuropsychologue directeur de ces travaux a donc entrepris de simuler l’impression de déjà-vu pour tenter de voir ce qui se passait dans le cerveau à ce moment précis.
Comment fonctionne la simulation de déjà-vu ?
Prenons le champ lexical suivant : en lisant les mots « plage », « soleil », « farniente », « camping » on pense au mot « vacances » mais il n’est ni lu, ni prononcé. Dans un premier temps, il est demandé aux volontaires s’ils ont entendu un mot commençant par « V ». Non évidemment… Puis les chercheurs leur demande s’ils ont entendu le mot Vacances… C’est toujours Non mais pourtant ils ont l’impression de l’avoir entendu, c’est ainsi que l’on pratique le sentiment de déjà-vu expérimental. Pour les chercheurs, le sentiment de déjà-vu serait en fait une « erreur du cerveau » qui inscrit une perception de la mémoire à long terme.
Grâce à l’IRM pratiquée en temps réel, les chercheurs avancent le fait que les régions du cerveau impliquées dans le mémoire restent en fait en sommeil. Le déjà-vu ne serait donc pas une création de faux-souvenirs, mais une activation inconsciente des zones en sommeil.
Le déjà-vu serait donc plutôt un conflit cérébral ?
Pour le neurologue, le déjà-vu serait un « conflit entre une sensation subjective de familiarité et une sensation objective que cette familiarité ne peut pas être correcte« . Ce ne serait donc pas un dysfonctionnement du cerveau mais plutôt une « vérification » entre la situation réelle et ce que le cerveau aurait déjà vécu. Une sorte de confirmation que les zones de mémoire fonctionnent normalement.
Cela reste bien sûr à confirmer par de nouvelles études, la théorie d’Akira O’Connor reste une hypothèse. Cependant, le sentiment de déjà-vu semblant décliner avec l’âge qui avance, ce pourrait être le signe d’un déclin des systèmes de contrôle. Quant à ceux qui n’ont jamais vécu le « déjà-vu » et toujours selon cette étude, ce serait un signe que leur cerveau ne fait pas d’erreur… Et qu’il n’a donc pas besoin de faire des vérifications.