Nous, simples citoyens, ne le savons pas, mais les astronautes peuvent être confrontés à des problèmes de vision lors des vols spatiaux. Lors de ces vols, la microgravité prolongée provoque une pression sur les yeux et une accumulation de liquide derrière l’œil. Ce qui peut entraîner une vision amoindrie. Dans une étude récente publiée sur Jama Ophtalmology, une équipe de scientifiques s’intéresse à un sac de couchage qui pourrait régler ce problème. James Leidner, médecin et co-auteur de l’étude, a testé ce sac de couchage high-tech durant trois nuits. Et cette invention pourrait grandement aider les astronautes à résoudre ce problème. Présentation.
Pourquoi la microgravité provoque des problèmes oculaires ?
Ce sac de couchage ressemble à une sorte de tube dans lequel l’astronaute doit entrer ses jambes et son bassin. Sur Terre, la gravité attire les fluides (eau, sang) vers les jambes, mais dans l’espace, la gravité fait que trop de liquide reste dans le haut du corps. Le liquide qui se trouve dans la tête appuie sur le fond de l’œil, qui change de forme. Andrew Lee, neuro-ophtalmologiste à Houston, explique que ce sac de couchage vise à éviter le SANS (Syndrome neuro-oculaire associé aux vols spatiaux). En fait, le sac de couchage high-tech permet de décharger la pression exercée dans le cerveau et de renvoyer les fluides vers le bas du corps.
« La pression entraîne également le gonflement d’une partie du nerf optique de l’œil (…) et l’ampleur des effets dépend de la durée du séjour en microgravité. Plus les gens passent de temps dans l’espace, plus le liquide reste dans la tête (…) donc, un vol spatial de longue durée – comme 15 mois – pourrait poser un problème » Andrew Lee
La méthode utilisée avant le sac de couchage
Les méthodes précédentes aspiraient l’air pour provoquer une pression négative vers le bas du corps. Mais le sac de couchage permettrait de soulager les astronautes pendant leur sommeil, et ce serait un vrai avantage. Les méthodes utilisées actuellement immobilisent les astronautes lorsqu’ils devraient être en activité.
Pourquoi est-ce une innovation majeure ?
L’équipe du professeur Hearon, à l’origine de cette invention, a d’abord imaginé un sac de couchage ordinaire, mais si le sac tombait, alors la pression devenait encore plus forte. Ils ont donc eu l’idée de créer une espèce de « chambre » pour enfermer le bas du corps de l’astronaute. La structure est faite d’anneaux et de tige structurés dans une coque en vinyle lourd. La matière utilisée est celle des kayaks gonflables. Le joint qui se trouve à la taille de l’astronaute est d’ailleurs le même que celui des kayakistes. A l’intérieur, une plateforme permet à l’astronaute d’être retenu vers le haut du sac car le but est bien d’aspirer l’air en continu pour éviter que les fluides ne remontent vers le haut du corps. Seul un sentiment d’aspiration se fait sentir, mais selon Hearon, cela reste très confortable.
Un test probant pour les scientifiques
Lors d’une période de test, l’équipe de scientifiques a utilisé un prototype. 10 personnes ont effectué chacune deux périodes de 72 h d’alitement. Mis à part quelques pauses imposées par le passage aux toilettes, les volontaires expliquent être restés à plat et dans une position confortable. Pendant ces 72 heures alités, ils ont passé 8 heures chaque nuit dans le sac de couchage, tout en étant surveillés par une équipe médicale (rythme cardiaque, sommeil etc).
Les résultats ont montré que la pression veineuse centrale (CVP) , qui est élevée lorsque le sang se concentre vers le haut du corps, avait grandement diminué. Quant aux globes oculaires, principaux sujets de cette étude, ils ont montré que les signes précoces de SANS n’étaient plus présents lorsque les volontaires utilisaient le sac de couchage innovant.