Au Brésil, le taux de chômage est assez impressionnant : 14,4% contre, 7,8% en France. Dans un pays qui compte près 213 millions d’habitants, contre 67 millions en France, les personnes sans emploi sont évidemment très nombreuses. Les favelas, ces bidonvilles en périphérie de Rio De Janeiro par exemple, compte des millions de personnes, sans emploi, qui, par conséquent, ont d’énormes difficultés à se nourrir. Pour tenter de résoudre les problématiques de l’emploi et de l’accès à la nourriture, la ville de Rio de Janeiro a lancé depuis quelques mois, le programme Hortas Cariocas, un immense potager bio qui offre un emploi et de la nourriture saine aux plus démunis. Et cet immense jardin permet aussi de manière plus inattendue, d’éloigner les trafiquants de drogue, autre fléau national brésilien. Explications.
Un potager bio au cœur de la ville
Dans une zone qui était autrefois un immense terrain vague, utilisé comme point stratégique pour les trafiquants de drogue, la ville a installé un immense potager bio. Ce grand jardin potager est le plus vaste espace nourricier de l’Amérique Latine à ce jour, en tout cas, en zone urbaine. Une initiative écologique et sociale, qui sert environ 800 familles de la ville ! Le potager se situe dans la favela de Manguinhos, au Nord de la ville, et comme toutes les favelas, ce quartier est gangrené par violence, les gangs et le trafic de drogue. Dans l’une des ruelles, des policiers armés jusqu’aux dents surveillent cet endroit. Et c’est bien ici que se trouve le plus grand potager bio de la ville.
Comment fonctionne ce potager bio ?
Dans cet espace aussi vaste que quatre terrains de football réunis, le potager bénéficie à 800 familles pauvres du quartier. Elles peuvent donc acheter des légumes très bon marché, inaccessibles en circuit normal tant l’inflation a fait grimper les prix (12.13% contre 4.6% en France). Certains aliments sont tout simplement trop chers. Dans ce potager bio, aucun engrais chimique ni pesticide, ce qui permet aussi de moins dépendre de l’Ukraine et de la Russie, actuellement en guerre, et qui fournissent les engrais agricoles au Brésil. Ce potager n’est pas nouveau, il a été imaginé en 2013, mais neuf ans après, les premiers bénéfices apparaissent réellement. Et ce terrain vague autrefois appelé Crackolandia, réputé pour être le point d’errance de nombreux toxicomanes, a finalement éloigné ces trafiquants.
Une production phénoménale !
Dans cet immense jardin, 2,5 tonnes de légumes sortent de terre chaque mois. Des légumes locaux évidement comme les oignons, le manioc ou encore les carottes. Sur cette récolte, la moitié est revendue environ 40 centimes le kilo, et l’autre moitié approvisionne les maisons de retraite ou orphelinats municipaux. Pour Julio César Barros, responsable de ce potager, le but est d’ouvrir le marché des légumes bio aux plus pauvres et de ne pas les réserver à une élite. Actuellement, seuls les plus riches Brésiliens accèdent à ces denrées alimentaires pourtant essentielles. Le Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan signé en 2015, reconnaît d’ailleurs ce programme comme l’un des plus aboutis et des meilleurs au monde.
Un moyen aussi de lutter contre l’obésité
25 personnes, toutes issues de la favela travaillent dans ce potager, et se répartissent la moitié des recettes des ventes. Au Brésil, le taux d’obésité des plus de 20 ans est de 26.8% environ de cette population (contre 9.2% en France). Ces taux astronomiques sont surtout la conséquence du manque de moyens financiers pour acheter des produits sains… La malbouffe est donc reine, mais par obligation pour la plupart des familles. C’est pour cela que le programme Hortas Cariocas installe aussi des potagers bio en milieu scolaire, pour tenter de faire chuter ce taux d’obésité impressionnant et préserver la vie de toute une génération !