Selon la Banque Mondiale, nous produisions déjà en 2016, 2,01 milliards de tonnes de déchets dans le monde. Avec l’urbanisation rapide, la croissance démographique, la surutilisation de plastiques et d’emballages, nous devrions arriver à 3,4 milliards de tonnes de déchets sur les 30 ans à venir. Les pays les plus développés économiquement étant ceux qui produisent le plus de déchets en tous genres. Au Kenya, et toujours selon la banque mondiale, 2400 tonnes sont générées chaque jour à Nairobi, la capitale. Et dans cette montagne de détritus, 20% sont des plastiques qui finissent dans des décharges à ciel ouvert aux alentours de la ville. Pour tenter d’endiguer cette pollution monstrueuse, Eddy Gitonga, a inventé la T-bin, une poubelle intelligente pour « éduquer les gens ». Présentation.
La T-Bin c’est quoi ?
Dans le plus grand centre commercial de la ville, le Juja City, une nouvelle poubelle a fait son apparition depuis quelques mois. Son but : éduquer les clients à trier leurs déchets. Cela peut nous paraître désuet à nous, européens, qui disposons de trois ou quatre poubelles différentes pour trier nos déchets à la source. Mais, au Kenya, le tri est encore loin d’être entré dans les habitudes des habitants… Quant au recyclage, il est quasiment inexistant puisque les déchets s’amoncellent dans des décharges à ciel ouvert. Eddy Gitonga, l’inventeur de cette poubelle explique : « La T-bin est une poubelle intelligente qui est sensée éduquer les gens sur la façon de séparer les déchets de la source, de minimiser 95 % des déchets qui finissent dans les décharges et d’augmenter les activités de recyclage, ce qui sera un avantage économique pour nos jeunes et à notre pays. »
Comment fonctionne la T-Bin ?
La poubelle T-Bin est alimentée par des panneaux solaires et donne aux utilisateurs des informations sur la manière d’éliminer les déchets. Cette poubelle se fait aussi point d’accès gratuit au Wi-Fi, ce qui au Kenya n’est pas aussi courant qu’en Europe. Concrètement, lorsqu’un client vient y jeter ses déchets, il reçoit une connexion Wi-Fi gratuite qui lui donne accès au réseau internet classique. Avant l’arrivée de cette poubelle, les déchets n’étaient pas triés, ni par les clients, ni par les professionnels du centre commercial. Ils avaient l’habitude de mettre « tout dans le même sac », sans se soucier de son devenir. Esthétiquement, elle n’a rien d’original, et dispose de deux bacs de couleurs, l’un pour les plastiques, l’autre pour les déchets non plastiques.
Au Kenya, les plastiques sont pourtant interdits mais…
La gestion des déchets en Afrique est pourtant au centre des préoccupations de certains gouvernements. Au Kenya, par exemple les sacs en polyéthylène sont interdits depuis 2017, et le plastique à usage unique depuis 2021… Mais uniquement dans quelques « zones protégées » déterminées par le gouvernement. Ce qui n’empêche pas certains professionnels peu scrupuleux d’importer des sacs plastiques de Somalie ou d’Ouganda, pays voisins où ils sont toujours autorisés. Cette invention n’a peut-être rien de révolutionnaire, mais dans un pays comme le Kenya où la sensibilisation au tri des déchets manque cruellement, elle pourrait être un moyen de faire prendre conscience aux habitants de l’importance de réduire et de trier leurs déchets !