Au XIXᵉ siècle, comme d’ailleurs souvent aujourd’hui, la mort était un sujet plutôt tabou… Les personnes n’avaient pas forcément peur de la mort, mais elles étaient terrifiées par le risque d’être enterrées vivantes, les moyens scientifiques de constats de décès n’étant évidemment pas les mêmes qu’aujourd’hui… En 1799, le président des États-Unis, George Washington était sur son lit de mort. La légende raconte qu’il avait alors demandé à son secrétaire de ne pas l’enterrer moins de trois jours après sa mort, une manière d’être sûr qu’il serait bien passé de vie à trépas avant d’être inhumé. Le spectre de ce que l’on appelle un « enterrement prématuré » était très présent à cette époque, et en 1843, un certain Christian H. Eisenbrandt, déposait un brevet pour un cercueil de sécurité, qui s’ouvrait au moindre mouvement de la tête ou des mains du présumé défunt ! Retour sur quelques inventions autour de la mort…
Pourquoi avait-on peur d’être enterré vivant ?
La médecine n’était pas encore très évoluée, et il était possible de mourir de toutes sortes de maladies ou blessures… En l’absence de traitement médical, la moindre maladie, même bénigne, pouvait entraîner la mort. En sachant que les premiers stéthoscopes pour écouter le cœur sont apparus en 1820, il est certain qu’avant cette date, voire même après, de nombreuses personnes ont été enterrées vivantes. Cette peur, scientifiquement appelée taphéphobie (ou taphophobie), était plus présente au XIXᵉ siècle que la peur de la mort elle-même. Le cercueil de sécurité, inventé par Christian H. Eisenbrandt, connût un franc succès, et permettait aux morts « vivants » de se manifester !
La « zone grise » fascine au XIXᵉ siècle !
De nombreux brevets pour des cercueils de sécurité furent déposés à partir de 1790 en Europe centrale, explique Adam Bisno, historien à l’Office américain des brevets et des marques (USPTO). À cette époque, le romantisme allemand s’empare des intellectuels européens en réponse à la froideur et à la raison des philosophes des Lumières… Les adeptes du romantisme cherchaient la vérité dans l’invisible et l’inconnu, et s’étaient pris de passion pour ce que l’on appelle la « zone grise », période entre la vie et la mort. À cette époque, les séances de spiritisme et les médiums font fureur, et les personnes essaient de communiquer avec les morts bien plus encore que de nos jours. Cette peur a été grandement exploitée par les fabricants de cercueils de sécurité qui n’ont pas hésité à se lancer sur un marché un peu fou !
Des brevets en tous genres pour des cercueils de sécurité…
Adam Bisno estime que plus de 100 brevets de cercueils de sécurité ont été accordés en Amérique par l’USPTO au cours du XIXᵉ siècle. Certains se dotaient de cloches que les faux morts pouvaient sonner, ou même de sifflets bruyants pour alerter les alentours… Les cercueils de sécurité sont un brin farfelus à cette époque, mais tous ceux qui ont les moyens s’offrent ce type de cercueil ! Christian H. Eisenbrandt, est donc le premier à déposer un véritable brevet d’invention, en 1843, pour un « cercueil préservant la vie », étrange expression au demeurant ! Le cercueil était doté d’un couvercle à ressort qui s’ouvrait brusquement « au moindre mouvement de la tête ou de la main ».
Difficile cependant d’ouvrir un cercueil enterré… L’inventeur suggérait alors de créer un caveau en surface, avec une clé de la porte du caveau laissée à l’intérieur afin que la personne sorte en cas de réveil mortuaire… Vous souhaitiez savoir pourquoi certains caveaux du XIXᵉ siècle ressemblaient à de petites maisons, vous avez désormais la réponse ! En 1868, Franz Vester déposait, lui, un brevet pour une « boîte funéraire améliorée », qui comportait un tube étroit avec une échelle permettant à une personne réanimée de se mettre en sécurité. Si la personne enterrée était trop faible pour partir d’elle-même, une cloche reliée par une corde à l’intérieur du cercueil prévenait les visiteurs du cimetière qu’une personne était (encore) en vie. Ce devait être assez flippant d’entendre les cloches sonner dans un cimetière, non ?