Cet exploit est le fruit des recherches menées par des chercheurs issus de plusieurs universités (Bristol, Cambridge et Londres) et du NHS Blood and Transplant. L’essai de leur sang synthétique sur des humains a déjà été lancé. À cette heure, deux personnes saines ont reçu des injections équivalentes à quelques cuillères à café. Cette première expérience va permettre d’observer la manière dont l’organisme assimile le sang injecté. Les scientifiques prévoient de poursuivre l’essai sur huit autres personnes en bonne santé.
Une éventuelle solution contre la rareté de certains groupes sanguins
Plusieurs malades ont déjà dû faire face à l’échec de leur traitement, car leur groupe sanguin était très rare. Sur environ 380 groupes existants, on recense près de 250 groupes peu communs (en France) d’après l’Établissement Français du Sang (EFS). Certains d’entre eux sont d’une extrême rareté. C’est, par exemple, le cas du groupe nommé Bombay. L’équipe de chercheurs britanniques développe ainsi le sang synthétique dans l’ambition de répondre aux besoins des patients concernés. Cette solution sera particulièrement intéressante pour ceux qui doivent régulièrement faire des transfusions sanguines dans le cadre de leur traitement. Selon Ashley Toye, professeur de l’Université de Bristol, certains groupes sont tellement rares que seuls dix individus dans un pays en sont des donneurs potentiels. L’objectif de l’équipe est ainsi de parvenir à créer continuellement du sang artificiel, et ce, à très grande échelle.
Une culture sanguine en laboratoire
Le sang synthétique est produit à partir de sang humain normal. La démarche implique l’utilisation de billes magnétiques. Ces dernières sont utilisées afin de démêler les cellules souches dans le sang humain. Développées en grand nombre, celles-ci vont se transformer en globules rouges. La quantité d’hématies obtenue via ce processus est assez stupéfiante. Lors de la réalisation en laboratoire, 500 000 cellules souches pouvaient se multiplier et devenir 50 milliards de globules rouges. Il a fallu environ trois semaines pour atteindre ce nombre.
Néanmoins, les études ont montré que seulement environ 30 % de ces hématies obtenues étaient prêtes à la transfusion. Les chercheurs sont assez enthousiastes quant à la puissance du sang artificiel, car celui-ci est composé de globules rouges frais. Le sang humain contient, contrairement à cela, un mélange de jeunes et de vieilles hématies dans sa composition. Étant fraiches, les cellules artificielles vivent plus longtemps avant d’avoir besoin d’être remplacées. Cela permet, par conséquent, aux malades d’espacer davantage la fréquence de leurs transfusions régulières.
Le prix : une problématique à contourner
L’équipe de chercheurs s’est abstenue de donner l’estimation du coût de production de sang artificiel en laboratoire. Ce qui est certain, c’est que c’est prohibitif. Néanmoins, ces scientifiques gardent espoir et sont optimistes. Si cet essai sur l’humain s’avère être une réussite, ils introduiront dans les années à venir, une culture de cellules sur une plus grande échelle. Avec une production élevée, les coûts relatifs vont certainement diminuer.