Il existe des maladies ou infections qui restent encore taboues, mais dont 40 à 50 % des femmes souffrent au moins une fois dans leur vie. Ces infections se trouvent localisées dans le vagin et il est parfois difficile de les détecter, donc de les soigner. Les mycoses ou infections à streptocoques ne sont généralement pas graves, mais désagréables. Pour travailler sur ces maladies exclusivement féminines, des scientifiques du Wyss Institute de l’université de Harvard ont créé le premier « vagin sur puce » au monde. Ce nouvel outil récrée exactement le microbiome du vagin à l’aide de cellules vivantes. Il pourrait permettre aux chercheurs de mieux connaître les maladies de cet organe interne et de développer (et tester) des médicaments contre ces infections. Découverte.
Une étude scientifique à la pointe de la recherche
Gautam Mahajan, principal auteur de l’étude, présente la « puce vaginale » ainsi : « Le microbiome vaginal joue un rôle important dans la régulation de la santé et des maladies vaginales, et a un impact majeur sur la santé prénatale. Notre puce vaginale humaine procure une solution intéressante pour étudier les interactions hôte-microbiome et accélérer le développement de traitements probiotiques potentiels ». Dans cette étude très complète, on apprend comment ce vagin ou puce en polymère pourrait aider les chercheurs à comprendre les interactions entre différents fluides vaginaux. Bientôt, on saura également comment les bactéries progressent à l’intérieur et comment cet organe réagit aux bonnes et aux mauvaises bactéries. Les chercheurs ont déjà pu constater que l’introduction d’hormone dans la puce faisait changer l’expression des gènes.
Comment ont-ils fabriqué ce vagin artificiel ?
Ce dispositif qu’on appelle « vagina on a chip » ou vagin sur puce a été conçu à partir de deux dons de cellules épithéliales et il est aujourd’hui considéré comme le plus approchant de l’organe humain. Il fonctionne comme un vagin humain et reproduit toutes ses caractéristiques physiologiques. Ainsi, les chercheurs peuvent désormais étudier les interactions entre les cellules, les fluides et bactéries vaginaux. Mais il permet particulièrement de tester de nombreux traitements sans avoir besoin de réaliser des tests sur un vagin vivant !
Un exemple concret
Lors de l’un de leurs tests sur ce vagin sur puce, les scientifiques ont identifié la croissance de Lactobacilli (une bactérie lactique). Par la même occasion, ils ont déterminé que celle-ci permettait de maintenir la production d’acide lactique ainsi que l’équilibre de la flore vaginale. À travers cette même étude, ils ont aussi identifié une autre bactérie, la Gardnerella. On a découvert que cette dernière prédisposait un environnement alcalin, provoquant inflammation et dommages aux cellules saines. Cette inflammation appelée vaginose bactérienne touche de nombreuses femmes au cours de leur vie. Elle est particulièrement redoutée pour sa capacité à augmenter le risque de maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH. Par conséquent, elle accroît également le risque d’accouchement prématuré chez les femmes enceintes. Même traitée par antibiotiques, cette maladie peut récidiver et entraîner l’infertilité en cas de complication. Cette puce vaginale pourrait donc révolutionner la gynécologie et permettre de créer des traitements de fond contre les infections vaginales. Les chercheurs du monde entier développent des organes sur puce afin de pouvoir en découvrir tous les secrets et notamment trouver des traitements pour lutter contre leurs maladies. Mais pour le vagin féminin, c’est une première mondiale !