Le frelon asiatique a fait son apparition en 2004, en France, lorsqu’une reine fécondée s’est retrouvée embarquée dans une poterie chinoise. Depuis cette date, les frelons asiatiques n’en finit plus de proliférer, menaçant la biodiversité et surtout nos chères Apis melifera, les abeilles mellifères dont ils se délectent. Ces frelons ont été classés comme espèces nuisibles en 2012. Cela fait 10 ans déjà que nous essayons par tous les moyens de les piéger, d’exterminer nids, larves, reines et frelons. Les scientifiques s’entendent pour dire que nous ne gagnerons pas ce combat, l’éradication est devenue impossible, d’où la nécessité d’éviter sa prolifération. Au Vietnam, des chercheurs ont récemment découvert que les abeilles commençaient à développer certaines techniques de défense, notamment en installant des excréments devant les ruches. Explications.
Les abeilles développent des armes contre les frelons ?
En Asie, où le frelon asiatique est présent depuis bien plus longtemps qu’en Europe, les abeilles ont appris à s’en défendre. Par exemple, elles ont « compris » que le frelon ne résistait pas à des températures de plus de 45 °C alors que ces dernières peuvent résister à plus de 50 °C. Lorsqu’un frelon se présente, elles se regroupent donc autour de lui, battent des ailes jusqu’à faire monter la température dans le cercle autour du frelon et l’anéantissent ainsi. Dernièrement, au Vietnam, des chercheurs ont découvert que les abeilles avaient développé une autre technique pour lutter contre les frelons. En ramassant des excréments d’animaux trouvés à proximité de la ruche et en les entassant devant la ruche, cela forme un rempart que le frelon ne semble pas vouloir franchir !
L’étude en question
Cette étude de l’université de Guelph, a été publiée en 2020 dans la revue PLOS One. Les chercheurs ont découvert que les abeilles domestiques avaient amassé de manière très astucieuse des excréments d’animaux ramassés à proximité de la ruche. Au Vietnam, les abeilles doivent lutter contre le frelon asiatique (vespa velutina) et contre le frelon asiatique géant (vespa soror) et c’est pour ce dernier que le piège d’excréments semble destiné.
Dans cette étude, menée par Gard Otis, professeur à l’université de Guelph, les chercheurs expliquent : « En Asie, les abeilles domestiques ont évolué sous l’énorme pression prédatrice des guêpes sociales du genre Vespa, dont les plus redoutables sont les frelons géants qui attaquent les colonies en groupe, tuent les défenseurs adultes et s’attaquent au couvain ». Ce qui veut dire, qu’à force de devoir lutter, les abeilles sont capables de développer des techniques « naturelles » pour se protéger. Nous n’en doutions pas, mais nous avons cette fois-ci la preuve qu’elles n’attendent pas après l’homme pour se protéger.
Les tests des chercheurs
Pour étayer leur découverte, les chercheurs ont récolté du fumier de poulet, de porc, de buffle et de la bouse de vache, qu’ils ont amassé près d’un rucher. En une seule journée, plus de 150 abeilles avaient visité le nouveau site, privilégiant les excréments de porcs et de poulets. Les chercheurs ont tracé les abeilles pour savoir ce qu’elles allaient faire de ce fumier. Et le résultat n’a pas tardé à venir puisque les abeilles marquées sont revenues à la ruche, chargées d’excrément pour les répandre à l’entrée de la ruche.
La conséquence pour le frelon a été de passer deux fois moins de temps devant les ruches où la quantité de fumiers était importante. De plus, les frelons géants, probablement dérangés par les excréments, ont passé dix fois moins de temps à mastiquer l’entrée des ruches pour accéder à la progéniture des abeilles. Cette étude montre donc que les abeilles sont capables de développer des armes contre les frelons asiatiques, mais il faudra encore quelques années à nos abeilles européennes pour prendre exemple sur leurs cousines asiatiques !