Différents procédés génèrent de la chaleur résiduelle, également appelée « chaleur fatale ». Au lieu d’être perdue, cette énergie peut potentiellement être exploitée. Après sa récupération, elle peut être utilisée à même le site de production ou dans d’autres zones au moyen d’un réseau de chaleur. La chaleur fatale est souvent utilisée dans le but d’améliorer le rendement d’une production industrielle. Certains s’en servent afin d’économiser de l’énergie. À part les industries, d’autres secteurs produisent par ailleurs une source importante de chaleur fatale : les bâtiments tertiaires, les datacenters, les unités de valorisation de déchets, etc. Dans tous les cas, la valorisation de cette énergie représente un effort majeur vers la transition énergétique.
Un potentiel essentiel en France
Compte tenu de la diversité des sources, la chaleur fatale est abondante dans l’Hexagone. En 2015, l’ADEME avait même déjà établi une estimation de 109,5 TWh sur toute la France. Cependant, ce n’est pas la quantité d’énergie récupérée. En 2016, l’enquête annuelle des réseaux de chaleur et de froid estimait que la quantité de chaleur de récupération industrielle était seulement de 525 GWh. À cela s’ajouteraient, selon cette même étude, 9,3 TWh issues des processus de valorisation énergétique de déchets. Si l’on se réfère à ces chiffres, le pays dispose d’une importante source thermique délaissée, et qui attend qu’on l’exploite.
Pourquoi récupérer la chaleur fatale ?
Ne pas valoriser la chaleur fatale, c’est comme gaspiller de l’énergie, un geste qui va évidemment à l’encontre de la transition énergétique. Nous sommes actuellement dans un contexte de limitation de la dépendance aux énergies fossiles et de réduction d’émission de CO₂. La récupération de la chaleur résiduelle s’inscrit dans ces démarches. L’énergie thermique peut effectivement contribuer à réduire la consommation électrique. Grâce à sa présence, certains appareils déploient moins de puissance.
C’est, par exemple, le cas lorsqu’elle est utilisée dans le cadre d’un préchauffage, car l’énergie requise au chauffage devient moindre. La chaleur récupérée peut aussi être directement injectée dans le réseau de chaleur. Dans ce cas, elle contribue à chauffer les résidences et à fournir de l’eau chaude. Il est également possible de transformer directement l’énergie de récupération en électricité, notamment à des fins d’autoconsommation. Toutefois, cette pratique est jugée moins efficace comparée à la valorisation directe de la chaleur.
Des dispositifs de soutien
Au constat du potentiel thermique perdu, le gouvernement français porte un intérêt majeur à la valorisation de la chaleur fatale. C’est pour cela que l’opération relative bénéficie de dispositifs de soutien. Le plus connu est celui de l’ADEME : le Fonds de chaleur, lancé depuis 2015. Ce programme vise à soutenir les projets de valorisation de chaleur fatale, que ce soit sur le site de production ou à l’extérieur. Le second dispositif financier est celui des CEE (Certificats d’économie d’énergie). Le montant de l’aide dépend de deux principaux éléments : la puissance récupérée et la durée moyenne de l’utilisation de la chaleur récupérée.