La recherche de sources de production d’énergies renouvelables ne date pas d’hier. L’usine marémotrice de la Rance inaugurée en 1966 est restée la plus puissante jusqu’en 2011 avec 240 MW produits chaque année. Elle fut détrônée par la centrale marémotrice de Sihwa en Corée du Sud, légèrement plus puissante avec ses 254 MW. En utilisant les marées et les hydroliennes, une étude avait été menée en 2014 avec une utilisation innovante des hydroliennes. Une nouvelle utilisation des hydroliennes pour exploiter l’énergie des marées, les « maréliennes ». Il faut savoir, qu’en théorie, l’énergie des marées et l’hydroélectricité classique ont le même potentiel, soit 3 500 Twh/an. L’énergie des marées actuelle est encore à 1 TWh/an. Les chercheurs estimaient que les « maréliennes » pourraient produire environ 2 000 TWh/an et qu’elles étaient donc une solution d’avenir.
C’est quoi une marélienne ?
Une « marélienne » est un dispositif qui permet de produire de l’électricité à partir du mouvement des marées grâce à des machines appelées « maréliennes ». Ces machines sont conçues pour fonctionner dans les estuaires ou les marais grâce au marnage. C’est la différence de hauteur entre la marée basse et la marée haute. Ainsi, le mouvement de l’eau généré par les marées fait tourner des turbines qui produisent de l’électricité. Ce système repose sur le même principe que les moulins hydrauliques d’autrefois. Cette technologie est particulièrement adaptée pour les endroits où de grandes écluses ne peuvent pas être installées tels que les estuaires, les rivières et les marais.
Pourquoi les « maréliennes » seraient une solution d’avenir ?
La production d’électricité via l’hydrolien reste très compétitive. Cependant, les sites naturels qui disposent d’une vitesse de courant suffisante sont rares et difficiles d’accès. Pour utiliser ces hydroliennes, il faut généralement construire des barrages, des travaux de grande ampleur qui nécessitent de conséquents investissements. Le système de « marélienne » permettrait d’utiliser des sites artificiels déjà construits tels que les digues. Ces dernières peuvent créer de grands bassins, ouverts sur la mer où sont placés des hydroliennes.
Les maréliennes opéreraient dans des conditions de vitesse de courant optimales et seraient faciles à utiliser ainsi qu’à entretenir puisque proches de la terre ferme. Le coût serait alors bien inférieur à un système d’hydroliennes classiques. Selon les études réalisées en 2015, la solution de « marélienne » fonctionnerait même avec 3 m de marnage, soit la différence de hauteur entre les marées hautes et basses dans un estuaire ou une zone côtière. C’est le résultat des forces gravitationnelles exercées par la Lune et le soleil sur les masses d’eau de l’océan qui provoquent une montée et une descente régulière du niveau de la mer.
Une solution bénéfique à l’environnement
L’option des « maréliennes » n’aurait que très peu d’impact environnemental. En effet, ces dernières étant utilisées dans les deux sens. Cela maintiendrait un marnage proche du marnage naturel avec seulement un décalage de deux heures. L’impact visuel serait moindre si les digues étaient installées à environ 20 km de la côte et les protégeraient des fortes houles tout en restant discrètes. Les chenaux des « maréliennes » seraient répartis le long de la digue, ce qui maintiendrait un courant proche du flux naturel. De plus, lors de la construction de ces digues, préfabriquées en caissons de béton armé posées en plusieurs temps, les conditions de marée et courants seraient maintenus pendant la construction.
Une solution pour stocker de l’énergie ?
L’utilisation de l’énergie des « maréliennes » pourrait être optimisée pour créer un stockage d’électricité par pompage (STEP) en utilisant seulement quelques pourcentages de la surface du bassin. Les STEP, protégées par le bassin, ne subiraient pas les fortes houles et permettrait de stocker de l’énergie afin d’assurer les pics de consommation. L’énergie marémotrice peut produire vingt pour cent de l’électricité française, sur des sites répartis du Pas-de-Calais à la Gironde, soit 130 TWh/an selon cette étude de 2015. Le site de la baie de Somme, par exemple, disposerait d’une digue de 70 km, qui passerait à 25 km de l’estuaire de la Somme.
Cette dernière freinerait l’ensablement et ralentirait le recul des falaises situées à l’est de Dieppe. Le site de Bourgneuf, avait fait l’objet d’une étude menée par le ministère du Développement durable. Les résultats obtenus montraient que cette configuration est bien optimisée pour des conditions de marée moyenne. Cette étude montre également que tout aménagement hydrolien à proximité d’une baie est susceptible d’entraîner une modification de l’onde de marée. Les projets de « maréliennes » ont-ils été abandonnés ? Pas totalement puisque l’entreprise Thomsea vient de lancer une hydrolienne innovante qui produit de l’énergie grâce au marnage…