Ces dernières années, les maladies virales sévères transmises par les moustiques se multiplient en raison du changement climatique (hausse des températures). Le paludisme, le chikungunya, la dengue, l’encéphalite japonaise et le Zika font notamment partie des maladies les plus meurtrières de nos jours. En cause, les méthodes de protection existantes sont encore limitées et coûteuses. La plupart d’entre elles sont néfastes pour l’environnement et la santé, car elles comprennent des composés organiques volatils comme le N,N-Diethyl-meta-toluamide (DEET). Afin de trouver une alternative plus efficace et sans danger, des chercheurs ont effectué une étude sur l’effet barrière des nanocristaux de cellulose. Quels sont les enseignements majeurs qui ont été tirés de cette recherche ? Explications.
Des nanocristaux de cellulose : de quoi s’agit-il ?
La cellulose est un polymère naturel que l’on trouve en grandes quantités sur la Terre. Elle pourrait provenir de différentes sources biologiques telles que des arbres, des plantes, des algues, des bactéries, etc. On peut en récupérer dans les déchets présents dans les usines de production de papier, de produits alimentaires ou d’articles en bois. Cet élément essentiel de la paroi végétal joue un rôle important dans les fonctions de soutien et d’alimentation des végétations. Ce glucide est constitué de plusieurs unités de molécules de β-glucose. Son faible coût est l’un des avantages qui intéressent les scientifiques. Lors de l’étude réalisée par des chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem, la cellulose a été traitée avec de l’acide sulfurique pour produire des nanocristaux.
Ces nanocristaux de cellulose (CNC) forment ainsi un film de protection translucide et solide. Ils ont été mélangés à de l’eau et à un peu de glycérol afin d’obtenir un produit sous forme de spray ou de gel. Une fois appliqués sur la peau, les CNC empêchent le moustique de piquer et de prélever du sang humain. Il est bon de préciser que ces nanoparticules ont déjà été employées dans diverses autres applications « vertes » telles que l’élimination des colorants des textiles, l’insonorisation et la fabrication de matériaux composites et de liants.
Une réduction de 80 % des piqûres de moustiques sur la peau
Les moustiques femelles sucent le sang des personnes ou des animaux afin de s’approvisionner en protéines nécessaires pour développer leurs œufs avant la ponte. Il est à noter que cet insecte se nourrit de nectar (non du sang). Ce prélèvement sanguin constitue donc une étape cruciale dans son cycle de reproduction. Lorsque ces femelles n’accèdent plus à cette source de protéines, la prolifération de cet insecte porteur de virus sera mieux contrôlée. Au cours de cette recherche, les scientifiques ont réalisé des tests avec des Aedes Aegypti vivants. Les participants ont placé leurs mains traitées ou non aux CNC dans une cage contenant des moustiques femelles. Cette expérimentation a duré environ 10 min.
L’équipe a ainsi découvert que la fine couche de nanocristaux de cellulose agit comme un bouclier chimique contre les piqûres de moustiques. Les mains traitées aux CNC ont été protégées à 80 %. Il convient de souligner que les espèces Aedes Aegypti et Aedes Albopictus sont responsables de la transmission de plus de 22 arbovirus graves (Zika, dengue, chikungunya, fièvre jaune, fièvre de la vallée du Rift, etc.). Aujourd’hui, cette recherche n’est qu’à ses débuts. Les travaux continuent, en vue de développer des composés naturels transparents, efficaces et abordables. Ces derniers permettront ainsi de prévenir de nombreuses maladies transmises par les moustiques. Plus d’informations : Pnas Nexus
Je pense que « rendre invisible » aux moustiques aurait été plus juste
La piqure de moustique n’a pas d’œil^^