L’animal emblématique de la banquise est sans doute l’ours polaire. Cet animal puissant fascine les scientifiques depuis des dizaines d’années. Comment cet animal parvient-il à évoluer par des températures pouvant atteindre les – 50 °C ? Comment n’est-il pas paralysé par le froid lorsqu’il plonge dans des eaux glaciales pour se nourrir ? Et pourquoi les ours polaires sont-ils jaunâtres quand ils n’évoluent plus dans leurs milieux naturels ? Des questions qui taraudent les scientifiques de l’université du Massachusetts Amherst, au point d’avoir inventé un textile s’inspirant directement des poils de l’ours polaire, qui ne sont pas blancs par hasard. Le biomimétisme, une nouvelle fois au centre des inventions humaines, avec cette découverte. Décryptage.
Pourquoi l’ours polaire est-il blanc ?
L’ours polaire a un pelage blanc pour se camoufler dans son environnement arctique, et ainsi chasser plus efficacement sa proie. Le blanc de leur pelage les rend difficiles à voir sur la neige et la glace. Ce qui les aide à se faufiler discrètement jusqu’à leurs proies. En plus de leur pelage, les ours polaires ont également une couche de graisse épaisse sous leur peau qui les aide à se protéger du froid extrême de leur environnement. En réalité, le pelage blanc des ours polaires est constitué de poils creux et translucides, qui réfléchissent la lumière du soleil et créent une illusion de couleur blanche. Lorsqu’ils sont observés dans un autre environnement, comme un zoo, les ours polaires semblent jaunâtres ou brunâtres, car leurs poils ne sont plus aussi bien adaptés à leur environnement naturel. C’est donc grâce à ce pelage blanc et pour les raisons évoquées ci-dessus que l’ours polaire peut survivre dans un environnement aussi hostile que celui de l’Arctique.
Quelle est la découverte des scientifiques américains ?
Les scientifiques américains sont partis de cette affirmation : « les animaux polaires ont développé un mécanisme de thermorégulation différent grâce à des matériaux polymères optiques pour obtenir un effet de « serre » sur le corps. (Source : Étude ACS). Partant de ce principe, ils ont inventé un tissu 30 % plus léger que le coton, mais surtout beaucoup plus chaud. Le poil de l’ours polaire conduit ainsi la chaleur du soleil vers sa peau noire, qui se réchauffe. De plus, le pelage retient la chaleur. Pour les scientifiques, le travail était alors de reproduire ce mécanisme en créant un textile composé de deux couches superposées.
Lorsque la première couche est exposée à la lumière du soleil, elle conduit la chaleur vers la seconde couche de couleur noire. Celle-ci est conçue à partir d’un nouveau matériau, le PEDOT, appliqué sur des fibres de nylon. Les scientifiques affirment que ce nouveau tissu pourrait permettre d’énormes économies de chauffage. En effet, il n’est pas destiné aux expéditions polaires, mais plutôt à devenir un vêtement d’intérieur, pour réduire notre consommation d’électricité. « Bien que notre textile soit particulièrement intéressant comme vêtement d’extérieur les jours ensoleillés, la structure de piégeage de la lumière et de la chaleur est suffisamment efficace pour que l’on puisse utiliser l’éclairage intérieur existant pour chauffer le corps », explique l’un des chercheurs.
Quel avenir pour cette découverte scientifique ?
Alors que la crise énergétique sévit partout dans le monde, l’heure est aux économies d’énergie et de chauffage. Souvenez-vous des 19 °C préconisés dans les bureaux ou dans nos salons pour limiter la production d’électricité. Selon les chercheurs, ce textile permettrait de gagner 10 °C par rapport à une veste classique, en étant exposé à l’éclairage intérieur. L’idée de concevoir un tissu inspiré de la fourrure des ours polaires intéresse déjà Trisha L. Andrew et Wesley Viola, qui viennent de fonder une start-up Soliyarn. L’idée étant de pouvoir rapidement commercialiser des vestes inspirées de la fourrure de l’ours polaire. Espèce protégée dans le monde entier depuis 1976, en vertu de l’Accord sur la conservation des ours blancs, il arrive encore que sa peau soit utilisée à des fins vestimentaires. Avec cette invention, peut-être que la peau de l’ours ne sera plus vendue sous le manteau !