Les courants de marées, ainsi que les courants océaniques et fluviaux, constituent une ressource immense et renouvelable dans le monde. Ils représentent un grand potentiel pour produire de l’électricité jusqu’à 10 TWh/an en France et jusqu’à 105 TWh/an en Europe. Cette société française a notamment choisi d’exploiter cette ressource à travers son hydrolienne biomimétique. Celle-ci a été inspirée du mouvement ondulatoire des poissons allongés et serpentiformes comme l’anguille. En effet, ce convertisseur d’énergie marémotrice d’une puissance de 30 kW utilise une membrane ondulante pour générer de l’électricité. Il a été soumis à des essais dans le port de Brest, en Bretagne, durant neuf mois. Les résultats de ce projet pilote étaient très encourageants, selon l’entreprise. Décryptage.
Comment fonctionne cette hydrolienne ?
Cette technologie de production d’énergie marémotrice est basée sur le concept de biomimétisme. Elle est unique au monde, affirme son concepteur. De plus, elle reproduit les mouvements ondulatoires de certaines espèces de poissons. Ce système flotte près de la surface de l’eau pour intercepter l’énergie cinétique des courants des marrées convertie en courant électrique par un système électromécanique. Il pourrait également être déployé sur des courants fluviaux ou des courants océaniques. L’important est que la vitesse de l’eau soit suffisamment élevée au niveau du site choisi. Plus précisément, le dispositif est composé d’une membrane capable d’onduler sous l’effet du mouvement des fluides. Les ondulations périodiques produites permettent de maximiser la capture de l’énergie marémotrice.
Quels étaient les résultats des essais ?
Cette hydrolienne biomimétique a été mise à l’échelle dans le port de Brest en 2022. D’après l’entreprise EEL Energy, les résultats des essais étaient plus que satisfaisants. Ce convertisseur d’énergie marémotrice serait dix fois plus puissant que les prototypes testés auparavant. Aucun problème mécanique n’a été détecté au cours des tests réalisés dans des conditions marines réelles. La robustesse de la machine a été confirmée. D’ailleurs, la société a pu déterminer sa puissance nominale.
Elle a affirmé que cette technologie était capable de franchir la limite physique définie par la loi de Betz (59 %). Cette dernière s’applique à toutes les turbines éoliennes conventionnelles. En effet, le générateur à membrane ondulante a réussi à capturer 62 % de l’énergie cinétique générée par les courants. Après cette grande avancée, les prochains travaux de l’entreprise comprennent des essais en rivière de son premier système pré-commercial de 30 à 50 kW en juin 2023. Un projet de production d’énergie marine de 750 kW serait également en cours de préparation.
Quels sont les avantages de ce système ?
Cette technologie d’énergie propre peut être adaptée à tous les types de courants. Elle pourrait être bénéfique pour de nombreux pays possédant une surface côtière étendue. Selon EEL Energy, cette machine innovante ne génère ni de déchets ni d’émission de CO₂ lors de son fonctionnement. Grâce à sa taille dix fois plus réduite que celle des éoliennes, elle ne crée pas de pollution visuelle sur les côtes. De plus, elle tourne avec peu de bruit, sans agresser la faune marine. Outre cela, ce système a l’avantage d’exploiter une énergie prédictible, localisée et quantifiable. Dans un communiqué, l’entreprise a indiqué que ce projet est soutenu par le Fonds européens de développement régional et le programme Interreg ENCORE. Elle collabore aussi avec Frisquet, Aquanord, 3DEXPERIENCE Lab et Dassault Systèmes. Plus d’informations : Eel-energy.fr