« Une découverte majeure », des microorganismes alpins et arctiques qui mangent le plastique à basse température

Des scientifiques ont découvert une nouvelle espèce de microbes qui peuvent digérer le plastique à basse température. Une avancée rentable et plus écologique dans l’univers du recyclage microbien.

En voilà une bonne nouvelle ! Le plastique, cette matière polluante qui ne cesse de souiller notre planète, a enfin trouvé un adversaire de taille : des microorganismes qui peuvent le digérer à froid. Une biodégradation du plastique par des microbes n’est pas nouvelle, mais sous une température élevée, à travers un procédé énergivore et coûteux. Désormais, de nouvelles souches de bactérie qui supportent le froid peuvent attaquer le plastique. Comment cela pourrait-il être possible ? Quel est l’enjeu de cette découverte ? Explications.

Identification de nouvelles espèces

Quelques scientifiques, de l’Institut public de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) en Suisse, se sont mis à la recherche de microbes susceptibles de biodégrader le plastique sous de basses températures. Évidemment, ils ont cherché ces dernières à haute altitude, dans les Alpes suisses et dans la zone arctique comme au Groenland et au Svalbard. Une fois prélevés, les échantillons de ces micro-organismes ont été rapportés au laboratoire pour y être analysés. Les 19 nouvelles souches de bactéries ont été classées dans la famille des phylum Actinobactéria et Protéobactéries, tandis que les 15 nouveaux champignons rejoignent la famille des phylum Ascomycota et Mucoromycota.

Actinomycetes, coloration de Gram d'Actinobaculum shaalii
Actinomycetes, coloration de Gram d’Actinobaculum shaalii. Par Manurx27 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,

Des résultats de recherches satisfaisants

Le Dr. Beat Frey, co-auteur de l’étude et chef de groupe au WSL, et son équipe ont développé ces microorganismes sous forme de cultures à souche unique, à 15 ℃ dans le noir, après les avoir identifiés. Ils ont tenté d’évaluer leur capacité d’ingestion de différents matériaux. Suivant la nature du plastique testé, voici les résultats obtenus :

  • Polyéthylène non biodégradable (PE) : aucun.
  • Polyester-polyuréthane biodégradable (PUR) : 8 bactéries et 11 champignons.
  • Polybutylène adipate téréphtalate (PBAT) et acide polylactique (PLA): 3 bactéries et 14 champignons.

On constate que si aucun des éléments n’a été capable de digérer le (PE), même en étant en contact pendant 126 jours, 56 % des souches ont tout de même réagi favorablement aux autres types de plastique. « Nous avons été très surpris de constater qu’une grande partie des souches testées était capable de dégrader au moins l’un des plastiques testés », a déclaré Joel Rüthi, un des participants à ce projet, dans leur article publié 10 mai dernier dans la revue « Frontiers in Microbiology ».

Quelle serait la prochaine étape ?

Les microbes, notamment « les champignons phytopathogènes », peuvent produire de grandes variétés d’enzymes qui décomposent les polymères, d’après le Dr. Beat Frey. Mais l’efficacité de cette méthode dépend singulièrement du milieu de culture utilisé. Ainsi, leur prochain défi serait de trouver la température idéale pour un résultat optimal, puis d’identifier les principales enzymes produites qui seraient les plus redoutées du plastique. Et enfin, de trouver le moyen d’en produire en grande quantité.

Une nouvelle approche plus écologique et abordable

La culture de microorganismes capables de digérer le plastique, sous des températures dépassant les 86 ℃, existe déjà et constitue même une activité commerciale importante. Cependant, garder cette température élevée implique un taux de chauffage élevé qui, à son tour, requiert énormément d’énergie. On peut en conclure que ce système déploie une bonne dose de carbone ainsi qu’un gros budget. La découverte de ces nouvelles souches de bactéries et de ces champignons promet donc de mieux maîtriser le coût et l’impact de la digestion microbienne.

Une nouvelle prouesse en matière de recyclage de plastique. « Ces organismes pourraient contribuer à réduire les coûts et la charge environnementale d’un processus de recyclage enzymatique du plastique », nous le confirme le microbiologiste Joel Rüthi. En attendant que ce procédé soit bien mis au point, une lutte à l’échelle mondiale est déjà menée par différentes institutions. L’économie circulaire prônée par les pays du G7, par exemple, ou la campagne contre la pollution au plastique de l’ONU dans son programme pour l’environnement. Chacun œuvre à son niveau à ce combat commun.

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Source
newatlas.com

Yael Arisoa

Correctrice, relectrice, Proofreader Freelance

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