Une étude particulièrement passionnante est récemment parue dans le journal scientifique PNAS Nexus. Elle a été menée par Po-Chun Hsu, Jie Yin et leurs collègues, décrivant l’invention d’un matériau capable de réchauffer une personne lorsqu’elle a froid et de la refroidir lorsqu’elle a chaud. Le matériau en question est un textile constitué d’une cellule électrochimique semi-solide en couches qui est intégrée dans un matériau en nylon à motifs kirigami. Cette conception lui permet de s’étirer et de se mouvoir en symbiose avec le corps du porteur.
Un tissu thermorégulateur
Effectivement, cette étude est loin d’être la première dans son genre. En 2019, par exemple, YuHuang Wang et Min Ouyang de l’Université du Maryland ont développé un tissu régulateur de température. La particularité de ce matériau est qu’il est constitué de fibres ordinaires recouvertes de nanotubes de carbone, le rendant sensible aux variations de la chaleur corporelle. Des chercheurs du MIT avaient également mis au point, en 2015, un matériau qu’ils ont baptisé BioLogic. Ce dernier régule la température en exploitant la puissance de certaines bactéries.
Une très faible consommation énergétique
Selon ses concepteurs, l’avantage du tissu nouvellement créé réside dans le fait qu’il ne nécessite qu’une très faible quantité d’énergie pour fonctionner. En effet, certains tissus thermorégulateurs utilisent un système de chauffage électrique ou un procédé basé sur la circulation d’un fluide pour réguler la température. Cela n’est donc pas le cas du WeaVe « wearable variable-emittance device » (ou dispositif portable à émission variable), comme l’ont baptisé les chercheurs. Concrètement, le nouveau tissu peut passer électriquement d’un état à l’autre : un état diélectrique transmissif et un état métallique avec perte. Pour alimenter le système, une batterie d’une capacité équivalente à celle d’un Smartphone suffirait. Plus étonnant encore, une telle cellule permettrait jusqu’à 1 000 transitions d’état du tissu !
Pouvant être contrôlé avec son Smartphone
Il faut savoir que les vêtements classiques n’ont qu’un seul mode thermique, lequel est déterminé par leur émissivité. Cette dernière étant la vitesse à laquelle un tissu émet de la chaleur. Dans le cas du WeaVe, l’émissivité n’est pas la même pour les deux états. Et c’est cette différence qui permet au porteur de se sentir bien dans sa peau, peu importe la température ambiante. Selon les explications de l’équipe, les individus connaîtraient la même température cutanée, qu’ils soient exposés à une température externe de 22 °C ou de 17 °C. Pour basculer entre les modes chaud et froid, il suffirait de contrôler le vêtement via une application mobile.