Comment irriguer correctement les cultures, lorsque la sécheresse s’installe, que l’eau devient une ressource rare et que les cultures se meurent ? Ces questions, nombreux sont les agriculteurs à ne pas savoir y répondre. Certains optent pour des récupérateurs d’eau de pluie enterrés, d’autres pour des bassines qui font débat et d’autres encore creusent des fossés pour retenir les eaux de pluie avec les fameuses « plantation d’eau de pluie ». Pour pouvoir irriguer les cultures dans les régions où le manque d’eau est une réalité, des chercheurs de l’Université Miguel Hernandez d’Orihuela (Espagne) ont inventé un nouveau système d’irrigation. Un dispositif très innovant qui va récupérer l’eau et les nutriments déjà utilisés dans les cultures, pour les réutiliser. Découverte.
Quel est ce système d’irrigation innovant ?
Le Dr Pablo Melgarejo et son équipe du Département Productions Végétales et Microbiologie mettent ce système à l’épreuve dans le cadre du projet SIRIS. À l’heure actuelle, ce groupe de chercheurs l’expérimente à petite échelle grâce à des orangers. Ils cultivent la variété de Navelinas sur une parcelle expérimentale de 7 500 m² située à l’intérieur de l’École polytechnique supérieure d’Orihuela. Cette décision a été prise en raison de l’importance et de la représentativité de la culture des agrumes dans la région de Vega Baja. Pour le moment, les chercheurs expérimentent leur système uniquement sur la parcelle d’orangers afin de vérifier la véracité de ce dernier. Cependant, ils restent convaincus que ce système d’irrigation pourra s’adapter à d’autres cultures et participer à la préservation de la ressource en eau.
Comment fonctionne ce système d’irrigation ?
Le système d’irrigation des chercheurs espagnols se veut révolutionnaire sur plusieurs points. Tout d’abord, il a été conçu avec l’objectif de récupérer l’eau et les nutriments apportés aux cultures, pour les rediriger vers d’autres cultures. Ce qui permet une réutilisation de cette substance, diminuant l’utilisation des engrais puisqu’ils sont déjà présents dans l’eau récupérée. De plus, ce système d’irrigation permet de faire des économies d’eau. En effet, il n’est plus nécessaire de pomper « une nouvelle eau », car le dispositif réutilise l’eau ayant déjà servi à l’arrosage précédent. Les concepteurs de ce système estiment que la consommation d’eau pourrait être réduite de 50 % et celle d’engrais de 20 %.
Quel est le principe de ce concept novateur ?
L’eau est collectée de manière différenciée pour chaque type de culture, grâce à l’utilisation de compteurs pour mesurer la quantité collectée. Ensuite, l’eau est pompée vers un réservoir dans lequel une analyse physico-chimique est réalisée, incluant la mesure de paramètres tels que le pH et la conductivité. Des ajustements sont effectués, de préférence, avant que l’eau ne soit réutilisée dans les cultures. L’idée est intéressante, car elle va réduire le pompage dans les nappes phréatiques. L’eau récoltée sera chargée non seulement des engrais déjà apportés, mais également des nutriments apportés par les autres plantes. En réalité, l’eau est recueillie dans un système de drainage mécanisé.
Cette eau est ensuite stockée dans un réservoir pour être réutilisée de nouveau pour la même tâche : l’irrigation. C’est, en quelque sorte, une irrigation en circuit fermé ou circulaire. Et les objectifs de ce dispositif sont aussi de prouver qu’il est économe en eau, en énergie et en quantité d’engrais utilisés. De plus, les chercheurs approfondiront leurs dires, en prouvant qu’irriguer avec une eau déjà utilisée n’engrange aucune baisse de production des cultures.