Au cours de la vie d’une personne, les dents poussent seulement deux fois. Les dents de lait se développent durant le jeune âge (de 4 mois à 3 ans). À partir d’environ six ans, elles tombent progressivement et sont remplacées par des dents définitives. Quand ces dernières sont extraites, le processus de la repousse naturelle ne sera plus possible. C’est pour cette raison que les dentistes ne recommandent l’extraction dentaire que lorsqu’il n’y a plus d’autres options thérapeutiques. Mais heureusement, tout cela pourrait changer dans quelques années, grâce à une étude menée par des chercheurs de l’Université de Kyoto, au Japon. En effet, ils ont inventé un traitement à base d’un anticorps capable de régénérer les dents. Explications.
Une véritable percée dans la dentisterie
Le professeur Katsu Takahashi, l’un des principaux auteurs de cette étude, a affirmé avoir observé le processus de croissance des dents depuis longtemps, en vue de développer ce traitement. Il a expliqué que le gène Usag-1, qui permet de coder une protéine du même nom, y est particulièrement impliqué. Cette protéine interagit avec les voies de signalisation BMP et Wnt, qui modulent la croissance de nombreux organes et tissus dans l’organisme, dont les dents. Elle contribue ainsi à réprimer le développement des dents et à empêcher l’éruption des dents surnuméraires. Il convient de souligner que les individus déficients en Usag-1 ont un nombre de dents plus élevé que la normale. Grâce à ces observations, les scientifiques ont conclu que la neutralisation de ce gène particulier pourrait permettre une régénération des dents.
Des expériences sur des souris et des furets
Afin d’interrompre temporairement l’action de l’Usag-1 et d’empêcher son interaction avec les molécules de BMP et de Wnt, Takahashi et son équipe ont développé des anticorps monoclonaux. Ces derniers ont été injectés à des souris gestantes, en vue d’étudier la dentition de leurs descendants. La majorité d’entre eux ont causé une baisse des taux de naissance et de survie des bébés souris. Cela confirme le rôle majeur de la BMP et de la Wnt dans le développement de l’ensemble du corps. Par conséquent, les chercheurs ont décidé d’abandonner les anticorps qui influent directement l’activité de ces deux molécules. En effet, leurs effets secondaires comportent des risques pour tout l’organisme.
Malgré cela, les scientifiques avaient remarqué qu’un anticorps monoclonal a la capacité de perturber l’interaction de la protéine Usag-1 avec uniquement la BMP. Cette voie de signalisation est cruciale pour déterminer le nombre des dents chez les souris. Les résultats de ces essais sur les animaux sont encourageants, a déclaré l’équipe. Le traitement a permis la repousse des incisives maxillaires et mandibulaires, ainsi qu’une molaire mandibulaire. Il est bon de préciser que des essais ultérieurs sur des furets avaient également montré les mêmes avantages.
Des tests sur les humains en 2024
Dans un an, Takahashi et ses collègues prévoient de tester cette nouvelle méthode sur les humains. Mais avant cela, ils devront effectuer des expériences sur d’autres animaux comme des chiens et des porcs. Cette étude pourrait déboucher sur la préparation d’un médicament pour une utilisation chez l’Homme. Celui-ci pourrait être employé afin de traiter l’anodontie, une condition d’origine congénitale se manifestant par une absence partielle ou totale de dents naturelles. Cette maladie touche approximativement 1 % de la population mondiale. Ce traitement pourrait également constituer une alternative plus pratique aux implants et à d’autres méthodes artificielles. Il permettrait de faire repousser les dents humaines plus de deux fois tout au long de la vie. Plus d’informations : Kyoto-u.ac.jp