La France bénéficie d’un potentiel hydrolien estimé à environ 3 GW, équivalant à la capacité de deux réacteurs nucléaires. Le potentiel de l’énergie des courants fluviaux est d’au moins 254 MW, répartis en Bretagne, en Nouvelle Aquitaine, sur le Rhône et dans les Pays de la Loire. Les hydroliennes conventionnelles sont généralement composées d’une turbine à axe horizontal ou vertical, qui permet de capter l’énergie des courants. Contrairement à cela, le concept d’hydrolienne développé par la start-up EEL Energy ne comporte aucune turbine. Son fonctionnement repose plutôt sur un système innovant constitué d’une membrane ondulante, inspirée de la nature. Cette technologie est actuellement en phase d’expérimentation dans le Rhône. L’entreprise envisage de déployer quatre machines au niveau des parcs de Saint-Clair et de la Feyssine. Elle vient de terminer l’installation de la première unité près de Lyon. Le point sur cette actualité.
Une méthode de production d’électricité verte, unique au monde
Ce procédé est inventé par Jean-Baptiste Drevet, un entrepreneur et innovateur originaire de Bourgoin-Jallieu, en Isère. Cet homme a fondé la start-up EEL Energy, basée à Paris, afin de mettre en œuvre sa vision. Cette entreprise compte aujourd’hui huit salariés. Elle travaille depuis dix ans sur cette hydrolienne biomimétique révolutionnaire. Les travaux de développement de la machine ont été effectués à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, mais la fabrication de ses composants se déroule dans une usine à Gravelines, dans le Nord. D’après Drevet, son hydrolienne à membrane ondulante est unique au monde. Elle fonctionne sans émettre de CO2, tout en respectant la biodiversité.
La membrane articulée de 10 m de long et de 7 m de large immerge à environ 7 m de profondeur du fleuve. Elle se met continuellement à osciller grâce aux courants fluviaux à une vitesse autour de 2 m/s. Selon son concepteur, cette technologie imite le mouvement d’un espadon voilier ou d’une baleine en plongée.
Elle est raccordée à un bras mécanique qui entraîne un transformateur placé sur une barge. Frank Sylvain, directeur général de la start-up EEL Energy, a expliqué que l’efficacité de cette hydrolienne d’un nouveau genre dépend de la vitesse du courant au cube. Les essais précédents effectués dans la rade de Brest ont montré que celle-ci dépasse largement les limites physiques des éoliennes (59 %).
Une expérimentation dans des conditions réelles à Lyon
Cette start-up collabore avec les Voies navigables de France (VNF) pour assurer le déploiement d’une ferme expérimentation d’hydroliennes à ondulation entre le parc de Saint-Clair à Caluire-et-Cuire et celui de la Feyssine à Villeurbanne. Cette ferme pilote sera composée de quatre machines, dont l’une est déjà installée dans le Rhône. Chaque unité devrait produire 100 MWh par an. Une production annuelle totale de 400 MWh est donc attendue pour l’ensemble de la ferme. Celle-ci sera suffisante pour alimenter environ 100 ménages français. L’énergie produite sera directement injectée au réseau électrique national.
L’entreprise prévoit de terminer l’installation de ses quatre hydroliennes en décembre 2023. Si tout se passe comme prévu, après ce test technique grandeur nature, il sera envisageable de procéder à de nouvelles installations sur divers autres sites fluviaux et marins en France et à l’étranger. Il est à noter que ce nouveau système de production d’électricité propre semble être relativement simple à déployer. Pour le projet pilote dans le Rhône, la start-up a l’avantage d’utiliser les infrastructures de raccordement déjà existantes. Plus d’informations : EEL Energy