Chaque année, le mois d’octobre est plutôt annonciateur de mauvaises nouvelles, avec les traditionnelles hausses du gaz, de l’électricité et de nombreux « services » fournis par les entreprises. Une nouvelle mesure entre vigueur, elle concerne Amazon, la Fnac ou encore Cultura et cela ne va pas plaire à tout le monde ! Celle-ci s’en prend une fois de plus à notre porte-monnaie, sous couvert de faire un geste pour les commerces de proximité. Sur les sites qui vendent des livres en ligne, les frais de port ne seront plus gratuits, et ce, même pour les abonnés Amazon Prime ou membres Fnac ! Une mesure du gouvernement et non des distributeurs pour que les clients retournent dans les petites librairies de quartier. Décryptage !
D’où vient cette idée de supprimer les frais de port gratuits sur les livres ?
Remontons quelques années en arrière, quand les libraires avaient dû fermer boutique, l’activité n’étant pas considérée comme des commerces essentiels. Les grands magasins, qui vendent aussi des livres, et les sites de e-commerce s’étaient frotté les mains, récupérant ainsi toutes les ventes. En 2021, Laure Darchos, sénatrice de l’Essonne, qui vient de rejoindre la majorité présidentielle après sa réélection du 24 septembre, avait fait adopter un texte qui visait à supprimer la gratuité des frais de port sur les livres. Un texte de loi, adopté en 2021 également, qui se destinait à privilégier les petits commerces plutôt que les géants de l’e-commerce. Amazon étant la principale cible de la sénatrice. Ce texte, qui entrera donc en vigueur dès le 4 octobre, ne s’appliquera pas seulement à Amazon, mais à tous les sites qui vendent des livres en ligne, dont les sites français, pas d’exception envisagée.
Dans les faits, comment se présente la fin des frais de ports gratuits ?
Pour toute commande passée en ligne dès le 4 octobre prochain, les frais de port pour un livre seront de 3 €, quel que soit le livre commandé. Admettons. Déjà, un livre de poche à 4 € va donc revenir au double de son prix… En allant à la librairie, évidemment vous ne dépenserez pas les frais de port, mais de l’essence, voire des frais de parking pour vous garer en centre-ville. Et une fois en boutique, il faudra que votre petit libraire possède le livre souhaité, et franchement ce n’est pas gagné d’avance ! La loi stipule aussi que les frais de port de 3 € minimum seront obligatoires pour toutes les commandes de livres de moins de 35 €. Au-delà de 35 € de commandes de livres, les frais de port seront de 0,01 €.
Et cela se complique encore un peu !
En lisant les premières explications, vous vous dites donc qu’il faudra faire une commande de 35 € minimum pour éviter les frais de port de 3 €. Eh bien non, cela ne fonctionne pas ainsi. Pour bénéficier des frais de port à 0,01 €, votre commande devra non seulement dépasser les 35 €, mais contenir uniquement des livres ! Imaginons que votre commande soit de 50 €, mais que vous n’atteignez pas la barre fatidique des 35 € de livres, vos frais de port seront de 3 €. Si, dans cette même commande, le montant des livres est de 36 €, alors vos frais de port seront de 0,01 € pour toute votre commande. Pourquoi faire compliqué lorsque l’on pourrait faire simple ? Quant aux 3 € de frais de port, c’est un prix minimal prévu par cette loi, rien n’empêchera les vendeurs de livres de les passer à 5, à 7 ou à 15 € !
À compter du 7 octobre sur Amazon
Tous les abonnés Prime Amazon ont reçu un mail en début de semaine, expliquant que la mise en place des frais de port payants sur les livres serait effective à compter du 7 octobre 2023. Cela concerne donc aussi les membres Prime, qui paient pour obtenir, en temps normal, la livraison gratuite sur tous les produits, y compris sur les livres. Amazon précise également que tous les livres précommandés avant le 7 octobre bénéficieront toujours de la livraison à 0,01 € ou gratuite pour les abonnés Prime. En d’autres termes, si vous voulez faire le plein de livres, c’est peut-être le moment ou jamais de remplir votre PAL ou pile à livres pour les non-initiés.
Notre avis sur la question…
Pensez-vous vraiment que cette loi va ramener les clients dans les petites librairies ? Regardons les choses en face et prenons un exemple simple. Nous habitons à 12,5 km de la première « petite librairie », avec une quasi-impossibilité de se garer aux alentours. Si le livre que nous souhaitons n’est pas disponible, ce seront 25 km de gasoil utilisé, puis 25 autres pour le récupérer quelques jours, voire des semaines plus tard. Vous aurez bien compris qu’entre 50 km pour un livre, au prix du gasoil actuel, et les 3 € de frais de port, nous choisirons l’option n° 2 et le recevoir dans notre boîte aux lettres le lendemain de notre commande. Nous avons estimé le coût du transport dans notre cas précis, et c’est quand même très « parlant », avec les données réelles de notre véhicule diesel : Vous avez parcouru 50 km en consommant 2,95 L (5,9 L/100 km), ce qui donne un coût de 5,90 € pour un prix au litre de 2,00 € et un coût au km de : 0,12 € par km parcouru selon le site calculis.net. Désolés, nous ne possédons pas de voiture électrique !
Bref, encore une loi qui aurait demandé une réflexion un peu plus élargie, non ? N’hésitez pas à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .
La solution simple sera de commander chez votre petite librairie qui n‘est pas soumis à cette taxe.
Mauvaise foi évidente de cet article choisissez une librairie qui soit sur votre chemin de passage (vous sortez bien de temps en temps hors de votre village perdu) et qui soit accessible (même à plus de 100m de votre voiture). ça vous fera un peu d’exercice …
Je suis entièrement d’accord avec vous. Il semble parfois que nos élus supposent que tout le monde habite à proximité d’une ville, alors que ce n’est clairement pas le cas pour la plupart d’entre nous. Cette nouvelle obligation de payer des frais de port pour les livres achetés en ligne est, à mon avis, dénuée de logique.
Je ne suis pas en train de faire preuve de mauvaise foi, comme cela a été suggéré dans le commentaire précédent, mais plutôt de faire preuve de bon sens. Si l’on suit cette logique, pourquoi ne pas également supprimer les bibliothèques publiques? Après tout, elles offrent la possibilité d’emprunter des livres gratuitement.
En fin de compte, cette nouvelle loi ne fait que renforcer ma préférence pour les achats en ligne par rapport à la fréquentation des librairies physiques. Elle ne fait que décourager davantage l’accès à la lecture pour ceux d’entre nous qui vivent loin des centres urbains
Ce n’est pas encourager les jeunes à choisir la lecture pour remplacer les tablettes et smartphones.