La propagation des frelons à pattes jaunes (Vespa velutina nigrithorax) représente un véritable fléau pour le secteur de l’apiculture et la biodiversité dans plusieurs pays européens et asiatiques. Ces insectes nuisibles commencent aussi à envahir certaines parties des États-Unis. Ils sont connus pour leur capacité à s’adapter facilement à de nouveaux environnements. Ils se nourrissent de nectar et d’insectes de différentes espèces (mouches, guêpes, araignées, papillons, etc.). Aujourd’hui, leur expansion affecte beaucoup les abeilles mellifères. La baisse du nombre des abeilles et la perturbation de la production du miel sont parmi les impacts observés. Qu’en est-il des autres pollinisateurs ? Peu d’études se concentrent actuellement sur l’évaluation des effets de ces insectes invasifs sur les pollinisateurs. Ce qui a incité ce groupe de chercheurs à étudier comment se défendent les bourdons terrestres (Bombus terrestris) contre les frelons asiatiques. Dans cet article, nous vous proposons donc de découvrir les résultats de cette recherche.
Une stratégie défensive particulière des bourdons à queue chamois
Cette étude a été effectuée par une équipe de scientifiques de l’Université d’Exeter en collaboration avec l’Université de Vigo et l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne. Au cours des expériences, ces scientifiques ont placé des colonies de bourdons à queue chamois dans douze différentes zones, réparties dans la province espagnole de Pontevedra. Des frelons à pattes jaunes à densité variable ont été également libérés à ces endroits. De surprenantes observations ont été effectuées, selon ces chercheurs. Ils ont assisté à plus de 120 confrontations entre ces deux espèces d’insectes. Ils ont été surpris de découvrir que les bourdons terrestres avaient résisté aux assauts des frelons.
Ces pollinisateurs disposent d’une technique de défense unique et efficace. En effet, lors des attaques, le bourdon se jette au sol en emportant le frelon avec lui. Une fois au sol, l’adhérence de l’assaillant diminue, ce qui permet au bourdon de se défendre efficacement jusqu’à ce que l’autre abandonne ou meurt. Il est à souligner que les frelons asiatiques utilisent la même méthode d’attaque contre les abeilles mellifères et les bourdons à queue chamois, selon ces scientifiques. Ils planent à l’extérieur du nid de ces proies, puis agressent brusquement les butineuses qui y passent lors de leur retour dans la ruche. Cette technique de colportage s’avère infructueuse auprès des colonies de bourdons.
Une croissance plus lente des bourdons dans les zones denses en frelons
Les scientifiques ont pesé les douze différentes colonies de bourdons tous les deux jours afin d’évaluer leur taux de croissance. Ils ont constaté que les colonies placées dans les endroits avec un nombre de frelons plus important avaient un poids plus léger. Leur croissance retardée a été notée. Cela pourrait être dû à la densité élevée des frelons et/ou à d’autres facteurs externes. Cette observation suggère que ces insectes invasifs avaient toujours un effet négatif sur ces pollinisateurs, même si presque toutes leurs tentatives d’attaques près des nids étaient un échec. Outre cela, ces chercheurs ont indiqué que le Bombus terrestris et le Vespa velutina n’ont pas évolué ensemble. Cette technique défensive des bourdons pourrait donc être une « coïncidence évolutive ». Ces pollinisateurs ont adapté leur moyen de défense aux attaques agressives des frelons.
Dans leur étude, ces scientifiques espagnols ont également évoqué la concurrence alimentaire entre les frelons et les bourdons ou d’autres pollinisateurs. En effet, tout comme les abeilles mellifères, ces deux espèces consomment le nectar des fleurs. Pour cette raison, les frelons attaquent non seulement aux entrées des nids de ces proies, mais aussi ailleurs. Les bourdons à la recherche de nourritures peuvent subir des assauts constants sur des parcelles de fleurs. En bref, la propagation rapide du Vespa velutina pourrait devenir une menace pour les pollinisateurs du monde entier, impactant ainsi la biodiversité. Plus d’informations : Communications Biology. Avez-vous déjà été confronté à un nid de frelons asiatiques ? N’hésitez pas à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .