Charles Darwin, naturaliste et paléontologue britannique, a sorti un ouvrage sur l’expression des émotions chez l’homme et les animaux en 1872. Il s’est limité à cette expression seulement, sans aller plus loin dans ses recherches. Il estimait ainsi que les larmes émotionnelles permettaient de lubrifier l’œil humain. Et il pensait à tort que celles-ci étaient une caractéristique exclusive à l’homme. Cependant, plus tard, des scientifiques ont découvert que les yeux des mammifères produisaient aussi des larmes « émotionnelles », qui renfermaient des substances chimiques agissant comme des signaux sociaux.
Des expériences antérieures ont notamment démontré que les larmes des souris femelles contenaient des signaux chimiques sociaux aux divers effets tels que l’atténuation de l’agressivité des souris mâles. Récemment, une équipe de recherche de l’Institut Weizmann des Sciences, en Israël, a effectué une série d’expériences. Celles-ci visent à déterminer si, chez les humains, les larmes des femmes ont aussi cette capacité à bloquer l’agression masculine et à agir sur le cerveau. Le point sur cette nouvelle étude.
La collecte de larmes auprès de six femmes volontaires
Dans une recherche antérieure réalisée par certains des scientifiques impliqués dans cette présente étude, il a été démontré que les larmes humaines contiennent des signaux chimiques inodores. Ces derniers auraient réduit l’excitation sexuelle (auto-évaluée) des participants masculins, ainsi que leurs niveaux de testostérone et leurs mesures physiologiques de l’excitation. Cependant, leur effet sur l’agression masculine n’était pas encore évalué.
Ce qui a amené cette nouvelle équipe de recherche israélienne à effectuer une série d’expériences y correspondant. Elle avait pour objectif de vérifier si, en reniflant les larmes émotionnelles de femmes, les hommes deviennent moins agressifs. Pour cela, elle a collecté 160 ml de larmes auprès de six donneurs humains de sexe féminin, âgés de 22 à 25 ans. Ces femmes ont regardé des clips vidéo tristes, chacune dans une pièce isolée, pour provoquer des pleurs.
Le déroulement de l’expérience au laboratoire
Lors de cette expérience, vingt-cinq hommes ont accepté de participer à un jeu monétaire à deux. Les scientifiques leur ont dit que leur adversaire était humain, mais c’était en réalité un algorithme informatique. Lors de ce jeu, le but était de créer une réaction agressive de la part de chaque homme vis-à-vis de son adversaire, en lui faisant croire que ce dernier trichait. Lorsque l’occasion se présente, le joueur humain, même sans obtenir un bénéfice personnel, pouvait se venger de son adversaire en lui faisant perdre de l’argent. Il est à noter qu’avant de commencer le jeu, tous les participants ont reniflé soit des larmes, soit une solution saline inodore, sans être au courant de ce qu’ils inhalaient.
Les résultats de l’étude
Les scientifiques ont remarqué que l’agressivité du groupe des hommes exposé aux larmes était réduite de 43,7 %. Afin de s’assurer de la fiabilité de ce résultat, ils ont procédé à une analyse bootstrap. Celle-ci a révélé que la chance d’obtenir ce résultat par hasard était minime (2,9 %). Cela suggère que les signaux chimiques des larmes émotionnelles humaines provoquent une baisse de l’agression chez les hommes.
Ensuite, l’équipe a étudié la conséquence de l’inhalation de larmes sur le cerveau des participants. Après avoir reniflé des larmes ou une solution saline inodore, les hommes ont joué au jeu monétaire à deux, tout en subissant un examen d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRM). Les chercheurs ont constaté une baisse de l’activité dans les deux zones cérébrales impliquées dans l’agression (cortex de l’insula antérieure gauche et cortex préfrontal bilatéral). Plus d’informations : Plos Biology. Que pensez-vous de cette étude ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .