La production de ciment à base de clinker constitue une source importante d’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette industrie représente environ 3 % des émissions de CO2 en France et 7,4 % au niveau mondial, selon le site Vie-publique.fr. En effet, le clinker génère approximativement 880 kg de CO2 par tonne, dont 820 kg d’émissions directes. Des cimentiers cherchent aujourd’hui des moyens pour réduire ces chiffres. Ils modifient la composition de leur ciment, installent un système de capture et de stockage de carbone à leur usine, etc.
Mais en plus de ces efforts, il est aussi crucial de trouver des alternatives plus écologiques au ciment conventionnel. Le biociment fait notamment partie des options de matériau cimentaire à l’étude. Il existe plusieurs différentes méthodes de biocimentation à partir des bactéries, des déchets, de l’urée, de la boue de carbure, etc. Dans le projet de Mary Lempres, un extrait brut de plantes mélangé à des déchets de verre et de coquilles d’huîtres broyées a été utilisé pour obtenir une structure dure et résistante, appelée « Reef Rocket ». Le point sur cette innovation surprenante.
Un matériau inspiré des récifs d’huîtres côtiers
Des huîtres peuvent se regrouper près des côtes pour former des récifs qui servent d’habitat à de nombreuses espèces marines telles que des harengs, des crevettes, des poissons plies et bien d’autres organismes aquatiques. Mary Lempres s’est inspirée de ces récifs naturels complexes et solides pour mettre au point cette structure innovante. Cette dernière est composée de deux modules de biociment aux surfaces striées, empilables pour obtenir une forme particulière de fusée. Cette designer a développé la méthode unique de culture de ce ciment d’origine végétale, en collaboration avec Ahmed Miftah, un spécialiste en bio-géotechnique.
Pour fabriquer le Reef Rocket, cette équipe d’experts a récupéré des déchets de verre et de coquilles d’huîtres dans des restaurants locaux et au port de New York. Ces déchets ont été broyés, puis mélangés à un extrait brut de plantes. Après trois à neuf jours de conservation, le mélange s’est transformé en béton naturel. À titre de comparaison, les récifs d’huîtres naturels nécessitent des millénaires pour se former. L’inventrice a expliqué que c’était le biocatalyseur à base de plantes qui a provoqué l’apparition des « ponts minéraux » entre les agrégats de verre et de coquilles concassés. Ainsi, le matériau obtenu serait durable, résistant à l’eau et solide comme le béton traditionnel à base de clinker.
Une conception biomimétique durable et écologique
Selon Lempres, ce projet est basé sur le biomimétisme, une approche qui consiste à imiter la nature pour trouver des solutions aux problèmes de conception humaine. En effet, la structure en biociment nouvellement développée possède des motifs striés comme les coquilles de certains mollusques aquatiques. Il est bon de préciser que cette inventrice a dû expérimenter des centaines de prototypes afin de déterminer les moules les plus adaptés. Ces derniers permettent de créer le biociment sans recourir ni à un four à haute température ni à un produit chimique.
En outre, cette designer a explicitement choisi une conception de petite taille, légère et facile à assembler afin que cette solution puisse être accessible au plus grand nombre. En effet, il est possible de déployer des structures Reef Rocket sur les côtes pour favoriser la restauration de la biodiversité marine, filtrer l’eau de mer et réduire les risques d’inondation côtière. En plus de cette action de préservation de l’environnement, ce matériau peut être exploité dans le secteur de la construction. Il représente une alternative évolutive, moins polluante et plus abordable au béton conventionnel. D’ailleurs, il permettra de valoriser les déchets de verre et de coquilles d’huître. Plus d’informations : Lempres.com. Que pensez-vous de cette innovation ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .