Pour de nombreux pays, l’hydrogène blanc constitue une excellente solution pour décarboner leur économie et accélérer leur transition énergétique. En France, plusieurs gisements potentiels font actuellement l’objet de demande de permis dans les Pyrénées-Atlantiques, en Auvergne-Rhône-Alpes et dans le département de la Moselle, selon le portail Notre-environnement. Par ailleurs, en Albanie, un grand réservoir d’hydrogène naturel a été découvert par un groupe de scientifiques composé, entre autres, de chercheurs de l’ISTerre (Institut des Sciences de la Terre), un des laboratoires de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble. Selon le CNRS, ce gisement possède le plus important flux d’hydrogène blanc enregistré dans le monde.
Un réservoir découvert dans une mine de chrome
Située à 40 km de Tirana, la capitale de l’Albanie, la mine de chrome de Bulqizë, considérée comme une des plus grandes au monde, abrite un important gisement d’hydrogène blanc presque pur. D’après une étude publiée dans la revue Science le 8 février 2024, les scientifiques qui ont découvert ce réservoir ont mesuré un taux de dégazage de 84 % de H², émanant de la mine. Selon leurs évaluations, la quantité d’hydrogène évacuée à travers les galeries devrait atteindre 200 tonnes par an, soit un débit supérieur d’environ 1 000 fois à ceux d’autres gisements de H² connus dans le monde.
Un réservoir de 50 000 tonnes d’hydrogène
Lors de leur intervention dans la mine de chrome de Bulqizë, les chercheurs qui ont publié l’étude ont observé une surface de 30 m² d’hydrogène bouillonnant dans un bassin drainant d’une galerie. Selon eux, il y aurait approximativement 50 000 tonnes d’hydrogène dans le gisement albanais. Cette quantité de H² devrait être suffisante pour être exploitée en tant que source d’énergie et permettre la mise en place d’infrastructures participant au développement local, telles qu’une centrale de production d’électricité au gaz. Toutefois, elle reste en dessous de la capacité des réservoirs sur lesquels certaines autorités étatiques souhaitent se focaliser. Le ministère américain de l’Énergie, par exemple, propose 20 millions de dollars de financement pour l’élaboration d’une technologie permettant de capturer l’hydrogène blanc de manière propre, mais souhaite se concentrer essentiellement sur des réservoirs capables de fournir au minimum 10 millions de tonnes de H² par an.
Un réservoir créé grâce à la tectonique des plaques
La mine de chrome de Bulqizë présente une zone de fracture d’une largeur d’environ 10 m, d’une longueur de 1 000 m et d’une profondeur allant jusqu’à 5 000 m. D’après les chercheurs, le gisement d’hydrogène est apparu il y a plusieurs millions d’années, grâce à la tectonique des plaques. Cette dernière a entraîné la formation d’ophiolites, à savoir des roches appartement à des plaques océaniques qui ont été charriées sur les plaques continentales. Suite à cette découverte, les scientifiques estiment que les régions qui présentent des ophiolites et dans lesquelles les mêmes mouvements tectoniques se sont produits, devraient faire l’objet d’une attention particulière.
En effet, elles peuvent abriter des gisements contenant une quantité d’hydrogène suffisamment importante pour être exploitée. Pour information, le seul gisement qui fait l’objet d’une exploitation dans le monde est celui de Bourakebougou, au Mali. Ce réservoir, découvert en 1987 et rouvert par la société Hydroma en 2012, est utilisé pour produire de l’électricité grâce à une pile à combustible de 5 kW. Que pensez-vous de cette découverte ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .