Lorsque l’on dispose d’un potager, que l’on cultive avec amour, nous espérons tous de belles récoltes, des fraises juteuses, des salades joufflues et des tomates bien rouges. Mais, nous ne sommes pas les seuls à apprécier ses fruits et légumes nouveaux. Le potager est un « restaurant à ciel ouvert » pour de nombreux insectes, et parasites du sol. L’un de nos premiers réflexes, lorsque l’on ne pratique pas l’agriculture biologique, est souvent d’utiliser des pesticides pour les combattre. D’ailleurs, les agriculteurs recourent également à des pesticides habituellement controversés. En Afrique, il existe un nuisible, le légionnaire d’automne, qui ravage les cultures de maïs. Des chercheurs seraient parvenus à inventer un nouveau pesticide révolutionnaire sous forme d’hydrogel. Découverte.
Des vers contre les ravageurs
Les chercheurs de l’université de Neuchâtel (Suisse) se sont concentrés sur les nématodes. Ces derniers sont des vers microscopiques qui appartiennent au groupe des nématodes, présents dans divers environnements, y compris le sol, l’eau douce, l’eau de mer, et même à l’intérieur d’autres organismes en tant que parasites. Dans un champ de maïs, ils sont appelés des entomopathogènes (EPN) car ils sont capables de lutter contre les ravageurs, en pondant leurs œufs à l’intérieur du corps des nuisibles. Concrètement, les EPN sécrètent des toxines, qui une fois répandues dans le corps dans lesquels ils ont pondu, intoxiquent leur « victime ». Cette particularité des EPN ont orienté la recherche des scientifiques afin de produire un pesticide naturel, et sans aucun risque pour l’environnement.
Un gel abritant des vers ronds
Les chercheurs ont donc utilisé le potentiel des EPN, soit le biomimétisme qui consiste à utiliser une solution venue de la faune, ou de la flore, pour résoudre un problème humain. Pour que ces EPN soient efficaces, ils ont imaginé un hydrogel qui se déposerait directement sur les plantes. Ce gel contient donc des nématodes, ces minuscules vers ronds qui vivent habituellement dans les premiers centimètres du sol. Le problème des nématodes étant qu’ils ne survivent que très peu de temps hors du sol. C’est alors que l’idée de les insérer dans un hydrogel protecteur a germé dans l’esprit des scientifiques, et notamment du directeur de cette étude, Patrick Fallet.
Une réduction des infestations d’environ 50 %
Dans cette étude, publiée sur la revue PNAS, le directeur de recherche explique avoir modifié génétiquement un EPN indigène du Rwanda pour cibler spécifiquement les légionnaires d’automne. Ils ont ensuite créé un hydrogel contenant des nématodes vivants suspendus dans une matrice gélatineuse biodégradable. Pour conforter leur invention, ils ont également mené des essais sur le terrain, au Rwanda, un pays fortement touché par ces nuisibles. Le gel inventé a donc été appliqué sur les plants de maïs toutes les deux semaines. Les résultats ont été prometteurs, avec une réduction des infestations de chenilles d’environ 50 % par rapport aux parcelles témoins.
De plus, les parcelles traitées au gel ont produit une tonne supplémentaire de maïs par hectare. Les chercheurs affirment que cette solution sera moins coûteuse que les pesticides conventionnels, non nocive pour les personnes ou l’environnement, et qu’elle évitera le développement de résistance chez les ravageurs. Cette invention vous semble-t-elle révolutionnaire ? Nous serions ravis de lire vos impressions ou de connaître votre expérience à ce sujet. Et, si vous constatez une erreur dans cet article, n’hésitez pas à nous l’indiquer. Vous pouvez cliquer ici pour publier un commentaire .