
Lorsque j’étais enfant, j’ai passé de nombreux étés à Soulac-sur-Mer, en Gironde, près de l’estuaire et au bord de l’Océan. Et, je me souviens d’avoir imaginé vivre dans cet immeuble au bout de la rue qui longeait la plage, en me disant : ils en ont de la chance de se réveiller avec la mer pour toile de fond ! L’an dernier, j’y suis retourné, mais l’immeuble, baptisé le Signal, a été détruit, les propriétaires expulsés, la montée des eaux et l’érosion ont fait leur chemin, inexorable. Et, ils ont modifié à tout jamais le paysage de cette côte de mon enfance ! Et, qui dit érosion des côtes, dit montées des eaux inévitables ! Avec les nouvelles données fournies par le ministère de la Transition Écologique, dans quelques décennies, d’autres bâtiments, voire des départements entiers pourraient bien être englouti par l’eau salée. Non, ce n’est pas le scénario d’un film catastrophe, mais bien une réalité qui se dessine sous nos yeux. Chaque semaine, l’équivalent d’un terrain de football disparaît sous la poussée inexorable des océans. Et le phénomène ne fait que s’accélérer. Décryptage.
Une carte qui fait froid dans le dos
Il y a quelques semaines, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a dévoilé une série de cartes alarmantes, réalisées par le Cerema. Des cartes qui projettent la montée des eaux en 2028, en 2050 et en 2100. Et, ce n’est vraiment pas réjouissant, personnellement, en les observant, j’ai le moral dans les chaussettes. Mes enfants et mes petits-enfants, ne connaîtront peut-être pas la Corse, cette île magnifique, ou la Vendée, un autre département que je connais bien. D’où partira le Vendée Globe, que deviendront les habitants de ces départements ?
Des milliers de questions se posent et nous n’avons pas de réponse immédiate à apporter. En 2028, et c’est demain, plus d’un millier de bâtiments seront directement menacés par le recul du trait de côte. Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Corse, Côte d’Azur, Pays basque et Seine-Maritime… Ces territoires sont en première ligne. Plus inquiétant encore, près de 900 km de côtes françaises sont d’ores et déjà en train de reculer. Et, si certaines zones, comme la Charente-Maritime ou le Nord, échappent (pour l’instant) au pire, elles ne sont pas à l’abri de futurs bouleversements.
2050 : le cap des milliards perdus
En 2050, j’aurai 49 ans, l’âge de ma mère aujourd’hui, mais je ne devrai pas voir le même paysage qu’aujourd’hui. En effet, à l’horizon 2050, le bilan est assez flippant : plus de 5 000 logements et 1 400 locaux d’activités seront directement impactés, pour une valeur estimée à 1,2 milliard d’euros. Et, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. À ce stade, les infrastructures côtières, les ports, les routes et même certaines villes balnéaires pourraient être fragilisées. Ce qui nous pend au nez ? Une dévaluation massive du patrimoine immobilier côtier, des familles contraintes à l’exil et une pression grandissante sur les collectivités locales pour gérer ces relocalisations forcées. En 2050, faudra-t-il aller dans les Deux-Sèvres pour trouver la mer ? La Vendée aura-t-elle été engloutie par l’Océan Atlantique ? Encore et toujours des questions pour le moins existentielles !
2100 : le scénario du pire
2100, j’aurai, si le destin m’y autorise, 99 ans, et le scénario annoncé est celui d’un scénario plus que « catastrophe ». Si l’on ne fait RIEN et que les structures de défenses côtières s’effondrent, près d’un demi-million de logements seront touchés par la montée des eaux. Et cette fois, les zones les plus impactées ne seraient plus les mêmes : exit la Corse et la Côte d’Azur, bonjour la Vendée, la Charente-Maritime, le Calvados, la Seine-Maritime, le Pas-de-Calais et le Nord. Avec plus de 20 000 logements à risque par département, la facture serait colossale et les déplacements de populations inévitables et insolubles ?
Où iraient tous ces gens ? Dans les départements voisins, qui n’auront pas la capacité d’accueillir tout le monde ? Alors, devons-nous nous résoudre à voir nos côtes grignotées petit à petit ? Ou bien existe-t-il encore des solutions pour ralentir ce désastre annoncé ? Que feriez-vous si votre maison était sur la liste des biens menacés ? Ce sujet vous intéresse ? N’hésitez pas à nous donner votre avis, ou à partager avec nous, votre expérience. Merci de nous signaler toute erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .
Natif des Deux-Sévres à Bressuire, c’était déja prévu dans les années 80 par le GIEC pour début des années 2000 et c’est repoussé apparemment pour 2100, aucune vague en vue à Bressuire depuis la hauteur du clocher à 56m de haut, pas de quoi stresser à ce point.
Depuis 1700 le marégraphe de Brest observe une montée de 1mm par an invariant soit 30 cm en 300 ans pour le moment, ça baisse aussi à d’autres endroits.