
Chaque année, c’est le même rituel : dès les premiers frimas de l’hiver, j’accroche dans mon jardin des boules de graines dans une mangeoire tube pour nourrir les oiseaux. Je suis loin d’être la seule, mes voisins les plus proches pratiquent aussi le nourrissage des oiseaux en hiver. Puis, quand arrive le 1ᵉʳ avril, je range les mangeoires jusqu’à l’automne. En hiver, je ne vous apprendrais rien, les oiseaux peinent à se nourrir, et la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) recommande de leur apporter de l’aide. Mais, cette dernière alerte aussi sur le nourrissage toute l’année, néfaste pour plusieurs raisons que j’évoquerai dans cet article. Alors, pourquoi est-il recommandé de ne plus « assister » les oiseaux dès le printemps installé ? Réponses immédiatement.
Une alimentation non adaptée aux oisillons
Quand on nourrit les oiseaux tout l’hiver, on crée chez eux une forme de routine, un repère et aussi une « dépendance ». Mais, avec l’arrivée du printemps, les choses changent radicalement. Les mésanges, les rouges-gorges ou les moineaux commencent à préparer leur nid, et certains futurs parents deviennent exclusivement insectivores. En continuant à leur proposer des boules de graisse ou des graines riches en lipides, on perturbe leur alimentation, et par ailleurs celle de leurs oisillons, qui ont besoin de protéines pour bien grandir. La LPO recommande donc de cesser le nourrissage dès la fin mars, et de le faire progressivement sur une semaine environ. C’est une façon douce de les encourager à reprendre leurs habitudes naturelles et à chercher eux-mêmes leur nourriture. Personnellement, je réduis petit à petit les rations, jusqu’à ce que la mangeoire reste vide. Et ça marche !
Maladies, prédateurs et perturbations
Mais, ce n’est pas qu’une question de nutrition. En multipliant les points de nourrissage au printemps, on favorise aussi la promiscuité entre différentes espèces d’oiseaux. Cela augmente le risque de propagation de maladies comme la salmonellose, très contagieuse chez les verdiers ou les pinsons. Sans parler des prédateurs à quatre pattes : un chat qui traîne sous une mangeoire bien fréquentée, et le danger devient bien réel. La présence permanente de nourriture peut aussi provoquer des perturbations physiologiques : certains couples commencent à pondre plus tôt, mais au mauvais moment par rapport à la disponibilité d’insectes, entraînant une surmortalité juvénile. C’est un vrai cercle vicieux que l’on peut éviter avec quelques ajustements simples. Moi, j’ai aussi changé l’emplacement des mangeoires pour les éloigner des zones de passage des chats, et je nettoie systématiquement abreuvoirs et supports avec du vinaigre blanc.
Eau toute l’année et biodiversité à préserver
Enfin, nourrir les oiseaux toute l’année peut involontairement modifier l’équilibre même des espèces présentes dans le jardin. Les espèces dominantes, souvent plus audacieuses ou plus nombreuses, prennent le dessus au détriment des plus discrètes. J’ai vu les moineaux devenir plus nombreux que les mésanges ou les rouges-gorges. Et, ce n’est pas ce qu’on souhaite lorsqu’on veut préserver la diversité.
En revanche, ce qu’on peut faire toute l’année, c’est proposer un point d’eau. Une petite coupelle ou un abreuvoir propre, changé régulièrement, sera toujours bénéfique. Les oiseaux viennent s’y désaltérer ou se baigner, même en été. Et vous ? nourrissez-vous les oiseaux en hiver ? Et, surtout, saviez-vous qu’il fallait arrêter au printemps ? Dites-nous tout ! Nous serions ravis de lire votre retour d’expérience. De plus, si vous avez repéré une coquille, cliquez ici pour publier un commentaire .