Les inconvénients des pièges à frelons asiatiques que les marchands n’indiquent pas assez

Attention aux idées reçues : piéger les frelons asiatiques au printemps peut faire plus de mal que de bien. Voici pourquoi il faut être vigilant avant d’agir.

Chaque printemps, c’est un peu le même scénario : les frelons asiatiques pointent le bout de leurs pattes jaunes, et nous voilà tous prêts à dégainer pièges en bouteilles et appâts sucrés… Mais, voilà, piéger le frelon asiatique, ce n’est pas aussi simple, ni aussi efficace que l’on pourrait l’espérer. Et pour cause, les scientifiques comme les associations environnementales nous rappellent que le remède est parfois pire que le mal ! Entre impact environnemental, efficacité douteuse et effets collatéraux indésirables, mieux vaut y regarder à deux fois avant de tendre un piège improvisé au fond du jardin. Petit tour d’horizon pour éviter de faire plus de mal que de bien, sources à l’appui. Décryptage.

Les pièges à frelons asiatiques, la controverse…

D’après les études croisées de l’INRA, du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et de l’ITSAP-Institut de l’abeille, piéger massivement au printemps ne serait ni sélectif ni vraiment utile selon France Nature Environnement. Il faut en réalité capturer plus de 70 % des ouvrières d’une colonie pour espérer affecter réellement la population… soit piéger plus de 3 000 frelons par nid ! Pire : ces pièges attrapent souvent 99 % d’autres insectes, notamment des abeilles, papillons et autres pollinisateurs, déjà bien malmenés par notre époque Résultat : on endommage la biodiversité locale… pour un résultat quasi nul sur les frelons asiatiques.

Un piège à frelons asiatiques installé dans des thuyas.
Le piégeage est-il vraiment utile face à l’invasion de frelons asiatiques ? Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Inconvénient n° 1 : des pièges très peu sélectifs

On aimerait uniquement capturer le frelon invasif, mais la réalité est tout autre : 99 insectes innocents tués pour un frelon piégé selon le magazine Reporterre. Guêpes, abeilles sauvages, papillons, mouches… tous ces précieux auxiliaires de nos jardins finissent noyés dans les pièges artisanaux ou même dans certains modèles commerciaux pas assez sélectifs. Et, même si certains parviennent à ressortir vivants, le simple fait de passer du temps dans le piège affecte leur survie ou leur reproduction. Bref, un vrai carnage écologique en douce.

Inconvénient n° 2 : une efficacité plus que discutable

On pourrait au moins se dire que ce « massacre collatéral » vaut la peine si ça réduit les nids, non ? Et, ce n’est malheureusement pas le cas ! Les recherches montrent que malgré des densités énormes de pièges, le nombre de colonies n’a pas diminué (source MNHN / ITSAP). Pire encore, le piégeage printanier pourrait favoriser l’espèce : en capturant certaines fondatrices, on réduit la compétition naturelle entre reines, permettant à d’autres de prospérer plus facilement. Et là, c’est une très mauvaise nouvelle !

Un piège suspendu.
Certains pièges auraient une utilité plus que discutable. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Inconvénient n° 3 : un impact grave sur les écosystèmes

Tuer en masse des insectes pollinisateurs et auxiliaires, ce n’est pas anodin. Les oiseaux insectivores, eux aussi en déclin, perdent une part essentielle de leur nourriture. Ainsi, en déréglant toute la chaîne alimentaire locale, ces pièges créent des déséquilibres dont les effets seront visibles sur le long terme : moins de pollinisations, moins de régulations naturelle des ravageurs… et un écosystème encore plus fragilisé. Pas sûre que ce soit ce que l’on cherchait en voulant aider les abeilles…

Inconvénient n° 4 : la fausse bonne idée du piège bouteille

Facile à fabriquer, peu coûteux… le piège bouteille est pourtant une vraie catastrophe écologique, toujours selon le magazine Reporterre. Non seulement il est encore moins sélectif que les pièges professionnels, mais il n’est pas équipé des dispositifs qui permettent de relâcher les insectes non-cibles (cônes d’entrée, séparateurs d’appât, etc.). La loi française de mars 2024 recommande d’ailleurs de bannir ces pièges artisanaux et d’utiliser uniquement des modèles homologués dans le cadre du plan national de lutte.

Un piège maison fait avec une bouteille.
Selon certaines organisations, les pièges maison seraient plus néfastes que bénéfiques, car ils sont non sélectifs. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Des inconvénients, mais également quelques avantages

Tout n’est pas à jeter pour autant ! Lorsqu’ils sont bien utilisés et au bon endroit (c’est-à-dire près des ruchers, en été, avec des appâts carnés et non sucrés), certains pièges spécifiques peuvent localement réduire la prédation sur les colonies d’abeilles. De plus, les techniques de piégeage sélectif progressent : certains nouveaux pièges, comme les modèles japonais ou coréens, arrivent à limiter les captures d’insectes non-cibles. Mais, encore faut-il bien s’informer, suivre les recommandations officielles, et surtout ne pas transformer nos jardins en champ de bataille pour la biodiversité. Et vous, pensiez-vous que piéger les frelons asiatiques pouvait avoir autant de conséquences inattendues sur nos écosystèmes ? Ce sujet vous intéresse ? N’hésitez pas à nous donner votre avis, ou à partager avec nous, votre expérience. Merci de nous signaler toute erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

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