Nous avons rencontré Quentin, un jeune entrepreneur Lyonnais qui a décidé d’innover en proposant un nouveau concept culinaire, une alimentation diététique, écologique et gastronomique, le tout à base d’insectes.
La consommation d’insectes dans la culture Européenne reste encore très anecdotique, elle se révèle pourtant être la norme dans de nombreux pays comme le Pérou, le Mexique ou encore certains pays d’Afrique.
Du fait de sa rareté, la viande est un met de luxe dans certaines régions du globe, la consommation d’insectes s’est donc naturellement imposée comme une alternative face aux protéines « classique ». Mais pourquoi devrions-nous changer nos habitudes alimentaires en Europe et plus particulièrement en France alors que nous disposons de source de viandes en quantités presque illimitées ?
L’agriculture et la production de viande demandent aujourd’hui d’énormes quantités d’eau et sont donc peu respectueuses de l’environnement. Et avec une population toujours grandissante, ce n’est pas prêt de s’arranger. Selon l’ONU, la population mondiale actuelle compte 7,2 milliards d’habitants, elle devrait atteindre les 8,1 milliards en 2025 et 9,6 milliards en 2050 – et donc autant de bouches à nourrir…
«Sachant que la superficie des terres agricoles a tendance à reculer, il y a un besoin urgent de trouver de nouvelles sources de protéines», explique Patrick Lhomme, docteur en écologie de l’université de Mons en Belgique.
Partant de ce constat, Quentin a décidé de créer sa propre ferme d’élevage d’insectes comestibles, La Freca.
«Mon défi est double : intégrer l’insecte à notre gastronomie traditionnelle et le faire accepter comme un aliment apportant des protéines complètes ; développer les technologies adéquates pour permettre la production d’insectes dans un contexte européens» (coûts de production et normes sanitaires).
Il faut savoir, les insectes ont un très fort potentiel nutritionnel et écologique. Ils sont réputés pour être très riches en protéines (jusqu’à 77% pour certaines espèces) et contiennent des acides gras insaturés tels que des omégas 3 et 6. Ils sont également meilleurs pour la santé que la viande bovine car ils contiennent moins de matières grasses saturées. Enfin, leur production a un impact moindre sur l’environnement que la production de viande. En effet, ils vont consommer beaucoup moins de matières végétales mais produire autant de protéines animales.
Avec 10kg de végétaux, il est possible d’obtenir près de 9kg de criquets contre seulement 1kg de bœuf nous explique Quentin. Nous retrouvons la même différence pour la consommation d’eau, 10L d’eau utilisés pour produire 1kg de criquet contre 15 500L pour un kilo de viande bovine (en partie utilisée pour produire l’alimentation de l’animal comme du soja). La production d’insectes émet en outre beaucoup moins de gaz à effet de serre (jusqu’à 99% moins). Un point important quand on sait que 21% des émissions de gaz à effet de serre en France sont produite par notre agriculture.
La Freca a décidé d’aller encore plus loin en proposant un concept d’élevage qui repose sur un approvisionnement innovant qui s’intègre dans une économie circulaire.
La Freca nourrit ses insectes avec des coproduits agricoles (gaspillage en champ), uniquement des matières végétales issues de l’agriculture biologique. Ce sont par exemple du son de céréale produit par un petit moulin bio et des carottes dites « moches », invendues à cause de leur aspect. Cet élevage permet donc de recycler ces coproduits en aliment à très forte valeur ajoutée. L’élevage rejette aussi un vermi-compost qui s’avère être un très bon fertilisant utilisable en agriculture biologique et qui va donc tout naturellement nourrir les terres qui ont nourri les insectes.
La prochaine étape de l’élevage d’insectes de la Freca est la robotisation et l’automatisation afin de proposer des insectes en plus gros volume et réussir à faire baisser les coûts de production.
Un savant mélange de Gastronomie et de petites bestioles.
Le second défi de La Freca et pas des moindres, est de présenter les insectes sous forme d’aliments appétissants. Ils sont d’ores et déjà proposés déshydratés pour l’apéritif mais également cuisinés.
Les packaging sont soignés promettant des produits de qualité. Quentin nous a gentiment offert plusieurs échantillons afin que nous puissions les goûter.
J’ai d’ailleurs été le seul à la maison à vouloir le faire, mes enfants se sont sauvés en courant. Je vous mentirais si je vous disais que je n’ai pas eu un peu de réticences , les habitudes ont la dent dure, mais la curiosité à rapidement pris le dessus. Et vous voulez savoir ? C’est bon – j’ai même une petite préférence pour les Chipotles, des verts de farine aux piments.
Du fait de sa proximité avec Lyon, capitale de la gastronomie, La Freca s’est appliquée à aller plus loin dans sa vision culinaire et a travaillé les insectes afin de les incorporer dans des produits de gastronomie française. Nous retrouvons donc des insectes là où il y avait de la viande comme dans notre terrine d’insectes-champignons pleurotes accompagnés d’une persillade d’échalotes, le tout déglacé au vinaigre de framboise, mais aussi dans d’autres aliments tels que les cookies protéinés aux insectes et à la farine de lupin (saveur noix de Dordogne ou noix de coco).
Malnutrition, obésité, gaz à effet de serre généré, les insectes, grâce à leurs qualités nutritionnelles et leur faible impact sur l’environnement pourraient être la solution.
C’est sans doute pour une partie de ces raisons que 2 milliards d’êtres humains s’adonnent régulièrement à l’entomophagie (le fait de manger des insectes).
Je commande des insectes sur La Freca