Une bio-brique révolutionnaire composée de sable et d’urine humaine qui « se cuit » à température ambiante.
Des chercheurs en génie civil à l’Université du Cap (UCT), en Afrique du Sud, ont dévoilé une brique bio-sourcée fabriquée à partir de sable et… d’urine humaine, annonçant un changement novateur dans la valorisation des déchets. Ces bio-briques ont été créées par un processus naturel appelé « précipitation des minéraux carbonatés », un phénomène naturel que l’on retrouve dans la formation des coquillages.
Dans ce cas présent, le sable est colonisé par des bactéries qui produisent de l’uréase. Une enzyme qui décompose l’urée dans l’urine tout en produisant du carbonate de calcium via une réaction chimique complexe. Cela à pour résultat de « cimenter » le sable qui prend la forme du moule qui contient le mélange.
Cette innovation est également une bonne nouvelle pour l’environnement et le réchauffement climatique car ces bio-briques sont fabriquées dans des moules à température ambiante. Il faut savoir que les briques traditionnelles sont cuites dans des fours à des températures avoisinant les 1 400°C, produisant une forte consommation d’énergie et d’astronomique quantités de dioxyde de carbone rejetés dans l’atmosphère.
La résistance de ces briques biologiques pourrait être ajustée selon le besoin du client « Si un constructeur souhaite une brique plus solide qu’une brique composée de 40% de calcaire, il suffit de laisser la précipitation durer plus longtemps (…) plus vous laissez la petite bactérie fabriquer le ciment, plus le produit sera fort. Nous pouvons optimiser ce processus. » explique les chercheurs sur le site de l’université.
Ce concept novateur pour fabriquer des briques n’est pas totalement nouveau. Ce processus avait été testé aux États-Unis il y a quelques années à l’aide de solutions synthétiques, mais c’est la première fois qu’on utilise de l’urine humaine pour les produire.
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« Chimiquement parlant, l’urine est de l’or liquide, elle représente moins de 1% des eaux usées domestiques (en volume) mais contient 80% de l’azote, 56% du phosphore et 63% du potassium de ces eaux usées. » précisent les chercheurs.
Environ 97 % du phosphore présent dans l’urine peut être transformé en phosphate de calcium, l’ingrédient clé des engrais utilisés en agriculture. Un élément extrêmement important car les réserves naturelles de phosphate de la planète s’épuisent. De plus, l’ensemble du système ne produirait aucun déchet et l’urine serait entièrement convertie en plusieurs produits utiles.
« Personne ne s’est penché sur tout ce cycle et sur la possibilité de récupérer de multiples produits de valeur. La question suivante est de savoir comment le faire d’une manière optimisée pour que l’urine soit rentable. » Evidemment, il subsiste de nombreux défi de logistique à prendre en considération comme la collecte de l’urine ou encore son transport vers un centre de récupération des ressources. Quant à l’acceptation sociale, il ne va pas être simple de convaincre les populations…