Le 16 avril dernier, la NASA a annoncé avoir choisi SpaceX pour construire son atterrisseur lunaire dans le cadre du programme Artemis. Une décision que certains jugent étrange dans la mesure où il s’agit d’un contrat de « haut niveau ». La plupart des observateurs s’attendaient effectivement à ce que l’agence spatiale américaine signe avec plusieurs entreprises au lieu d’une seule. Face à cette situation, les dirigeants de Blue Origin et de Dynetics ne veulent pas rester les bras croisés.
Un contrat de 2,9 milliards de dollars
Les deux sociétés ont ainsi saisi le Government Accountability Office, l’équivalent américain de la Cour des comptes, pour que celui-ci ouvre une enquête sur le dossier. En raison de cette contestation, SpaceX ne pourra donc pas mettre la main sur la première tranche des 2,9 milliards de dollars promis par la NASA. Dans sa requête, Blue Origin, qui rappelons-le est une entreprise de Jeff Bezos, dénonce des irrégularités dans les appels d’offres lancées par l’agence, avançant notamment que celle-ci a « déplacé les poteaux de but à la dernière minute ».
Un danger pour l’atteinte de l’objectif de la mission Artemis ?
La société basée à Kent, dans le comté de King (Washington), estime en conséquence que Steve Jurczyk — administrateur par intérim de la NASA — et son équipe ont mis en danger l’atteinte de l’objectif de 2024 pour le retour sur la Lune en confiant uniquement à SpaceX la conception et la fabrication de l’atterrisseur nécessaire à cet effet.
« Suite aux protestations du GAO, la NASA a informé SpaceX que les progrès sur le contrat HLS [Human Landing System ou système d’atterrissage humain, NDLR] ont été suspendus jusqu’à ce que le GAO résolve tous les litiges en cours liés à ce marché », a déclaré dans un communiqué la porte-parole de la NASA Monica Witt selon Euronews.
Une suspension qui pourrait s’étendre jusqu’au mois d’août
D’après notre source, le Government Accountability Office devrait rendre sa décision d’ici le 4 août. Cela signifie que le contrat de SpaceX pourrait être suspendu jusqu’à cette date. En ce qui concerne Dynetics, bien que l’on sache qu’elle proteste également l’attribution du contrat de la NASA à l’entreprise de Musk, on ignore dans quelle mesure la firme implantée à Huntsville (Alabama) est déterminée à s’y opposer.
À noter que SpaceX prévoit d’utiliser sa fusée entièrement réutilisable Starship dans le cadre de cette prochaine mission lunaire de l’agence spatiale américaine. La plupart des essais d’atterrissage du SN15 ont jusqu’ici échoué. Autant dire que le développement de l’engin va se poursuivre. À ce sujet, un autre test devrait avoir lieu dans les installations de l’entreprise à Boca Chica (Texas) au cours des prochains jours suite à plusieurs reports pour cause de mauvais temps.
« De manière inhabituelle pour un week-end, SpaceX a émis un avis d’alerte d’évacuation pour aujourd’hui. Il prévient que les “activités de vol spatial” entre 5h et 19h pourraient représenter un danger pour les résidents du village de Boca Chica », a posté le journaliste Anthony Cuthbertson de The Independent le 1er mai dernier.
Même sans l’argent de la NASA, Elon Musk va poursuivre le développement du Starship avec son propre argent. Dans le pire des cas il enverra un Starship sur la Lune avant la NASA et les autres.