Les rotifères bdelloïdes peuvent non seulement supporter des températures extrêmement basses, ils sont aussi capables de survivre pendant de nombreuses années dans le pergélisol. Un article scientifique décrivant cette capacité hors du commun a récemment été mis en ligne dans la revue Current Biology.
Bien qu’elles soient microscopiques — leur taille étant comprise entre 0,1 et 2 millimètres —, ces créatures impressionnent par leur grande résistance. Elles supportent effectivement la sécheresse, la famine, le manque d’oxygène, mais aussi la congélation. Qui plus est, les rotifères bdelloïdes sont loin d’être un simple micro-organisme. Il s’agit d’un véritable modèle réduit d’animaux.
Un organisme multicellulaire
Un organisme multicellulaire, l’animal a un cerveau, un estomac et plusieurs organes sensoriels. Il possède même des muscles striés ainsi qu’une sorte de mâchoire au niveau de son pharynx, lequel s’appelle mastax. Des recherches antérieures ont montré que les rotifères bdelloïdes pouvaient survivre jusqu’à 10 ans en état congelé grâce à un mode de survie au ralenti (cryptobiose).
Mais dans une nouvelle étude, des scientifiques russes affirment avoir utilisé la technique de la datation au radiocarbone pour déterminer que les rotifères qu’ils ont récupérés du pergélisol sibérien avaient environ entre 23 960 et 24 485 ans. À noter que le nom de ces animaux microscopiques vient du fait que leur appareil rotatoire ressemble à des roues qui tournent.
Le spécimen a réussi à se reproduire
Par ailleurs, le document de recherche indique que le rotifère a survécu à une congélation à une température de -15 °C pendant une semaine. Cette expérience a été effectuée dans le but d’examiner comment l’animal peut survivre dans des conditions extrêmes. Étonnamment, en dépit des vingtaines de milliers d’années passées dans le permafrost sibérien et de cette dure épreuve en laboratoire, la minuscule créature qui appartient au genre Adineta, était toujours capable de se reproduire suivant un processus clonal connu sous le nom de parthénogenèse.
Effectivement, chez les bdelloïdes, la reproduction se fait de manière asexuée. L’espèce ne comporte aucun mâle. Les descendants sont donc des clones naturels. « Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un organisme multicellulaire peut être congelé et stocké comme tel pendant des milliers d’années, puis revenir à la vie, un rêve partagé par de nombreux écrivains de fiction », a déclaré le biologiste russe Stas Malavin, rapporte Aljazeera.
Un exploit qui n’est pas unique en son genre
Contrairement à la plupart des formes de vie multicellulaires qui ne résistent pas à la formation de cristaux de glace dans leur organisme, les rotifères semblent ainsi disposer d’un mécanisme de survie unique en son genre. Celui-ci leur permet de protéger leurs cellules et leurs organes des dommages pouvant être causés par des températures extrêmement basses. Quoi qu’il en soit, ce retour à la vie après un sommeil ayant duré près de 24 000 ans ne constitue pas un véritable record.
Comme le souligne notre source, des vers appelés nématodes sont revenus à la vie après environ 40 000 ans dans le pergélisol sibérien. Plus impressionnant encore, en 2020, des scientifiques de l’agence japonaise de Sciences et Technologies sous-marines ont réussi à « raviver » des bactéries vieilles de 101 millions d’années trouvées dans des sédiments marins du Pacifique Sud.
Mais les rotifères bdelloïdes impressionnent toujours en raison du fait que ce sont des organismes multicellulaires, et donc, complexes. « Bien sûr, plus l’organisme est complexe, plus il est délicat de le conserver vivant congelé. Pour les mammifères, ce n’est pas possible actuellement », a ajouté Malavin, cité par CBS News.