Le règne animal regorge d’espèces plus étonnantes les unes que les autres. Parmi celles-ci, certains insectes comme les fourmis ont développé une capacité à vivre en société. En effet, une fourmilière se compose de milliers d’individus ayant chacune un rôle précis.
Mais le plus étonnant est la façon dont les fourmis développent leurs liens sociaux. Afin de créer une interaction sociale, celles-ci se vomissent dans la bouche. Pas très classe certes mais ça fonctionne !
Un développement des liens sociaux plutôt original
Chacun de ces insectes possède trois intestins différents; l’un d’entre eux permet notamment de stocker des nutriments afin que ceux-ci soient partagés. Afin d’interagir entre elles, les fourmis transmettent ce qui est contenu dans leur bouche à d’autres fourmis. Ce phénomène s’appelle la trophallaxie.
L’intestin utilisé pour la trophallaxie se nomme l’intestin antérieur ou « estomac social ». Lorsque les fourmis se vomissent dans la bouche, elles ne transmettent pas seulement de la nourriture. En effet, des hormones ainsi que des petits brins d’ARN sont transmis, ce qui crée notamment un réseau social digestif. De cette façon, les différentes informations peuvent circuler dans toute la colonie. De plus, les fourmis ayant besoin de ressources peuvent ainsi s’en procurer.
Afin de mieux comprendre le phénomène de trophallaxie chez les fourmis, Sanja Hakala, chercheuse postdoctorale à l’Université de Fribourg, à décidé de réaliser une étude, qui a notamment pour but de découvrir ce que les fourmis se transmettent réellement lors de la trophallaxie.
Que se transmettent les fourmis lorsqu’elles interagissent entre elles ?
Afin de découvrir de quoi se compose le vomissement des fourmis, deux types de fourmis ont été observés: des fourmis charpentières provenant de colonies sauvages, et d’autres provenant de colonies élevées en laboratoire.
En réalisant cette analyse, les scientifiques ont découvert 519 protéines différentes. Parmi ces protéines, 27 d’entre elles sont présentes dans l’estomac de chaque fourmi. Et ce quelque soit son âge, sa situation géographique ou son statut individuel.
Dans un premier temps, cette interaction permet de fournir les protéines nécessaires à chacune des fourmis de la colonie. Ce qui veut dire qu’au fur et à mesure que la colonie s’agrandit, le stockage des protéines devient de plus en plus conséquent. Après l’analyse des estomacs, les scientifiques se sont rendu compte que plus il y avait de protéines, et plus la fourmi était un âgée. Donc grâce à la trophallaxie, nous pouvons déterminer l’âge de la fourmi.
L’âge n’est pas la seule caractéristique que nous pouvons connaitre grâce à ce processus
Outre son âge, le rôle de la fourmi au sein de la colonie peut également être déterminé. En effet, selon la fonction de la fourmi, son estomac contiendra plus ou moins de protéines. Les fourmis nourrices, par exemple, possèdent une quantité plus importante de protéines antivieillissement que les autres fourmis de la colonie.
Bien que les fourmis soient les insectes les plus étudiés, beaucoup de mystères restent encore non résolus à ce jour. Par exemple le fait que les fourmis butineuses possèdent plus de protéines de stockage de nutriment que les fourmis infirmières. Cependant, les fourmis infirmières produisent ces protéines beaucoup plus vites que les butineuses… Encore un mystère à résoudre pour la science !