On dirait qu’il s’agit d’une créature sortie tout droit du film Alien ! À Taïwan, alors qu’une équipe de l’Institut taïwanais de recherche sur la pêche enquêtait sur les espèces de poissons vivant au large de la côte de Taitung, elle a capturé cinq requins-vipères. Comme les scientifiques ne s’attendaient pas à une telle découverte, ils ont certainement dû subir un sacré choc.
En effet, l’animal peut vite donner des sueurs froides avec son apparence terrifiante. Heureusement, il s’agit d’une espèce qui n’est pas susceptible de porter préjudice aux humains. « La caractéristique la plus évidente est les dents en forme d’aiguilles, comme des crocs de serpent. C’est aussi l’origine de son nom de requin-vipère », ont déclaré les chercheurs à Fox News.
Une espèce benthopélagique
Répertoriée pour la première fois en 1986, cette espèce de petits requins, dont le nom scientifique Trigonognathus kabeyai signifie « mâchoire triangulaire », vit dans les profondeurs des océans, notamment de l’océan Pacifique. À noter que son nom rend hommage à son découvreur, Hiromichi Kabeya.
Au fil des ans, des chercheurs ont trouvé quelques spécimens au large des côtes d’Hawaï, du Japon et de Taïwan. Extrêmement rare, le petit requin, dont la taille dépasse rarement les 50 cm, est considéré comme benthopélagique. Autrement dit, il traine au fond de l’eau — jusqu’à 400 mètres de profondeur — pour chasser et remonte parfois à 150 m de profondeur, selon le moment de la journée.
Une mâchoire efficace pour la chasse
Pour capturer de petits poissons ou crustacés, Trigonognathus kabeyai nage avec sa mâchoire ouverte. Comme les baleines, cet animal hors du commun engouffre ainsi ses proies. Si le caméléon lance sa langue pour attraper une cible, le requin-vipère déploie sa mâchoire !
Qui plus est, selon une étude publiée en 1990 dans le Japanese Journal of Ichthyology, cette espèce très rare a des cellules productrices de lumière, appelées photophores, sur son ventre. Elle s’en sert pour attirer ses cibles.
« Bien que cela n’ait jamais été observé, ces mâchoires bizarres sont susceptibles d’être rapidement projetées vers l’avant pour capturer des proies insaisissables », a révélé une étude publiée en 2014 dans la revue PLOS ONE, rapporte Live Science.
Des données insuffisantes
À noter que sur les cinq spécimens capturés par des pêcheurs taïwanais, quatre sont morts immédiatement. Les chercheurs ont tout fait pour garder le dernier en vie, mais celui-ci est également mort au bout de 24 heures seulement. Cela ne leur a pas permis d’étudier l’animal de près. Jusqu’ici, on ne sait ainsi pratiquement rien du mode de vie ni de la biologie du requin-vipère. D’ailleurs, en raison d’un manque de données à son sujet, Trigonognathus kabeyai ne bénéficie d’aucune mesure de protection. Heureusement, sa petite taille lui permet d’éviter les filets de pêche.